Il y a quelques années, en distribuant son courrier, le facteur assurait le lien social naturellement et gratuitement, en discutant avec les usagers, en particulier les personnes âgées et esseulées. Aujourd’hui, ce comportement est un service qui a un prix, fixé par la Poste, que tout le monde ne peut évidemment pas payer. Le facteur, lui, n’y a rien gagné, ni rétribution supplémentaire, ni aménagement de sa tournée de façon à lui laisser plus de temps. Il n’a même plus la satisfaction — le sens — d’avoir aidé son prochain. Si l’on ne peut que regretter la « plateformisation » du secteur privé (symbolisée par une majorité de start-up qui se gargarisent de disrupter l’économie alors qu’elles ne font que créer des besoins inutiles, inventer de nouvelles formes de précarité et asservir les individus), on ne peut que s’inquiéter d’autant plus de la marchandisation du secteur public. Une société de services marchandés est problématique car elle confère une valeur relative, autrement dit un prix,