Dormir 100 ans © Pierre Grosbois

Dormir 100 ans par la Cie La Part des Anges

Un conte à dormir debout

 

Artiste associée au Théâtre du Merlan, Pauline Bureau y présentait sa deuxième pièce de la saison, Dormir 100 ans, conte moderne pour petits et grands enfants.

 

Aurore et Théo ont treize ans. Ils grandissent, ils attendent. C’est le début de l’adolescence, les corps changent, les envies pressent, les parents ne comprennent rien. Elle fait de la danse classique, il joue aux jeux vidéo. Jusqu’ici, rien de nouveau sous le soleil.
Pauline Bureau, formée au Conservatoire National Supérieur de Paris, et sa compagnie La Part des Anges, dont plusieurs sont des camarades de promo, s’attèlent à ce moment délicat et précieux qu’est la sortie de l’enfance. Usant de l’inventivité scénographique qui la caractérise, la troupe dessine le sentiment de solitude d’Aurore à son bureau et de Théo sur son canapé, leur rencontre « in real life », et l’aventure, à vocation initiatique, qu’ils vont partager en rêve. Des visuels projetés figurent les différents espaces des appartements, de la classe de collège et du songe. Dans cette expédition onirique, parfumée d’Alice au pays des merveilles, les deux jeunes gens doivent passer des épreuves, aidés de leurs amis imaginaires respectifs, un lapin pour elle, un prince grenouille pour lui.
L’esthétique joue un grand rôle dans la narration de l’histoire. On retrouve l’influence de Joël Pommerat dans la scénographie et la mise en scène, qu’on avait déjà décelée dans Sirènes, montrée précédemment au Merlan. Or, si Sirènes, malgré sa trop longue durée due à quelques scènes anecdotiques, était somme toute une belle réalisation, Dormir 100 ans n’en a semble-t-il que les artifices. Les thèmes cruciaux liés à l’adolescence sont abordés de manière stéréotypée et superficielle et il en va de même de la représentation des personnages, qu’il s’agisse des ados ou des adultes. Il est vrai que le spectacle s’adressait à tous à partir de huit ans, mais cela ne veut pas forcément dire qu’il faille revoir l’exigence de sens à la baisse. D’un point de vue positif, la simplicité et la modernité du spectacle ont plu aux lycéens présents dans la salle ce soir-là, les réconciliant avec la forme théâtrale qui les avait jusque-là laissés sur le carreau. Tout comme Sirènes, qui avait fait un carton auprès d’un public peu habitué aux salles de théâtre. Ainsi, l’univers de Pauline Bureau a le mérite de fonctionner comme une passerelle vers le théâtre contemporain, en proposant des représentations à la forme ludique et enlevée, à défaut malheureusement du fond.

Barbara Chossis

 

Dormir 100 ans par la Cie La Part des Anges était présenté du 16 au 18/03 au Théâtre du Merlan.

Prochaine représentation : le 23/03 au Théâtre des Salins (19 Quai Paul Doumer, Martigues).
Rens. : 04 42 49 02 01 / www.les-salins.net

Pour en (sa)voir plus : www.part-des-anges.com