Les Fêtes Vénitiennes © Vincent Pontet

Retour sur le Festival Mars en Baroque

Baroque en stock

 

Mars, le mois des fous et du baroque, mars, qui commémore la naissance de Jean-Sébastien Bach le 21, célèbre aussi à Marseille depuis près de vingt ans la folie de la musique baroque. Et l’année 2019 n’a pas failli à cette habitude avec une série de concerts, rencontres, conférences et autres masterclasses ou déambulations au programme du festival Mars en Baroque.

 

Mars aime à se travestir, le baroque aime à transgresser les règles d’avant, les compositeurs aiment à revisiter les anciennes partitions, et c’est pourquoi la production de cette année s’est souvent intéressée aux transcriptions, tandis que Igotz Zarietta nous a fourni des photos pour le moins étonnantes et délirantes. Petit retour sur des moments très forts et rencontre avec Jean-Marc Aymes, directeur de Concerto Soave, maître d’œuvre de cette belle manifestation.

Dès l’avant-première, le ton était donné avec un Bach Show ludique et instructif sur l’art du contrepoint, tandis que peu après, une conférence et un concert — l’occasion de découvrir un très talentueux jeune claveciniste, Jean-Luc Ho, précis et subtil — illustraient celui de la fugue. Les Fêtes vénitiennes de la Criée ont réussi à donner à cet opéra-ballet, signé d’un André Campra trop oublié, une superbe présence avec de très beaux interprètes et une mise en espace bien conçue et vivante. Bach « remixes » encore, mais à travers les flûtes sublimes de Michael Form (comme l’avait fait remarquer Jean-Marc Aymes, rien à voir avec les pensums en plastique infligés aux gamins de sixième !). On ne peut tarir d’éloges sur ce flûtiste aussi virtuose et brillant que délicat et musical. Qui n’a d’égal que son complice au clavecin, Dirk Borner.

Éloges encore pour une soirée en compagnie du merveilleux chœur de chambre Les Éléments de Joël Rubiette, qui, avec les musiciens de Concerto Soave, ont sculpté Vivaldi et Caldara dans une église des Chartreux aussi inconfortable que magnifiée par ce concert. À cette occasion, on a eu aussi le plaisir de retrouver la belle voix de Maria Cristina Kiehr et de très beaux solistes, et d’apprécier la subtilité et la puissance du chœur de chambre internationalement reconnu.

Derniers jours à la hauteur des précédents avec un magnifique mano a mano entre Haydn et Wolfgang Rihm (notre contemporain), entre Concerto Soave et Musicatreize, pour dire que le contrepoint n’est pas une langue morte, qu’il y a des passerelles entre toutes ces musiques. D’ailleurs, le dernier jour a fait entrer en scène les musiciens de demain, jeunes gens du CNSMD de Lyon. Pour finir comme tout avait commencé, dans la gaieté et l’humour, le quintette vocal Coclico, aussi remarquables chanteurs que comédiens, a fait la joie de ce dernier samedi.

Le directeur de Concerto Soave et de Mars en Baroque s’avère très satisfait : le bilan de cette nouvelle édition est positif. Tous les concerts ont fait le plein et le public est ressorti heureux de ces différentes manifestations. Toutes ont été très bien reçues, appréciées, y compris les actions menées auprès des enfants. Des accueils et des ouvertures à des répétitions et même quelques coloriages thématiques ! Les jeunes gens du lycée Diderot ont été aussi sollicités : un concours — jugé ensuite par un jury de professionnels — avait invité une classe de BTS à travailler sur le projet d’un livret numérique. Et le résultat est tout à fait réussi. Les programmes de cette année ont également permis de rire avec Bach ou des musiques de la Renaissance, ou de s’émouvoir autour du Magnificat de Vivaldi. Quant aux relations des auditeurs avec les membres de l’équipe, on les sent très chaleureuses.

Financièrement, les aides de la Drac, du Département, de la Région, de la Mairie et de la Spedidam viennent à point pour soutenir une affaire dont la billetterie est très correcte et à laquelle nous souhaitons longue et florissante vie.

 

Gisèle Laval

 

Mars en Baroque était présenté du 26/02 au 31/03 à Marseille.

Rens. : www.marsenbaroque.com