Identités Remarquables | Tina Mweni

Miss <em>Tina</em>mite

Propulsée par sa participation au télécrochet Danemark’s Got Talent, Tina Mweni sort l’album Rapvolution en 2017, duquel émane une énergie rare, où la soul et le rap se mêlent à des textes engagés. La chanteuse d’origine kenyane, désormais installée à Marseille, est en pleine préparation de son prochain opus. Rencontre avec une talentueuse musicienne à la soif de justice.

 

Née au Kenya puis immigrée au Danemark à l’âge de cinq ans, Tina développe très tôt un amour pour la danse. À Copenhague, elle se forme à la Rythmical High School, puis plus tard à la Flow Dance Academy. En 2010, elle participe « sans beaucoup d’attente » au Danemark’s Got Talent et arrive tout de même en finale. Elle confie avoir préparé chaque semaine une nouvelle chanson pour le prime du week-end. Cette grande exposition médiatique lance sa carrière et lui donne la chance de collaborer ensuite avec son « groupe préféré depuis 2007 », les Nantais de Hocus Pocus.

Son style, qui mélange hip-hop, électro et soul, s’enrichit au fil des rencontres et des voyages. À la recherche d’une musique engagée et « vraie », elle n’hésite pas à parcourir le monde et les genres pour aller plus loin. Les violences, en particulier celles faites aux femmes, la touchent beaucoup. À la suite d’une date dans la cité phocéenne en 2014, elle décide de s’y installer. Elle explique sa relation ambivalente avec cette ville qu’elle n’arrive plus à quitter. Ici, elle a trouvé sa place en tant qu’artiste et un univers de travail bénéfique, lui permettant de jouer dans de nombreux lieux et de continuer à donner des cours de danse.

Ses performances live, mêlant chant et danse, marquent les esprits. Avec l’aide de six musiciennes marseillaises et deux beatmakers, elle passe deux ans dans les studios pour enregistrer Rapvolution, produit par le label associatif marseillais WePresent. Fort de sa notoriété grandissante, son agenda se répartit entre nombreux concerts et journées d’enregistrement du prochain album en studio. Le 18 juillet, elle jouera avec David Walters au Château La Coste et se produira en concert dans de nombreux lieux de la ville durant l’été. Déterminée et fière de ses choix, Tina Mweni insiste depuis ses débuts pour écrire tous ses textes. Elle « refuse de se laisser dicter les choses » et trouve son émancipation dans des choix forts, comme par exemple son engagement auprès de DanChurchAid en 2015, association qui lutte contre les violences armées au Mali.

 

« Je n’imagine aucun lieu où je ne pourrais aller. »

 

Malgré succès et soutiens, Tina ne se projette pas à long terme dans une ville qu’elle craint autant qu’elle admire. La banalisation du sexisme et des violences conjugales la pousse à radicaliser son discours politique à travers ses textes. En comparaison avec le Danemark, elle estime que les femmes en France sont souvent laissées au second plan et sous-représentées dans de nombreuses industries. Elle rapporte de nombreuses confessions faites par des jeunes rappeuses françaises qui « admirent la force et le courage de [son] travail. » De tels retours sont « une immense source de motivation » et l’aident à poursuivre son combat. Les chansons Walk with me et Proceed symbolisent à merveille un album « porteur d’espoir pour toutes les femmes qui veulent rapper. » Elle s’inspire de l’énergie débordante de Beyoncé ou de Michelle Obama, dont elle possède déjà le dernier livre, Becoming, titre qui pourrait résumer la carrière de Tina Mweni : une sensibilité unique au service de nobles causes. Pour sa prochaine tournée, elle projette de voyager au Kenya et dans d’autres pays africains afin de porter la voix de chanteuses à qui on ne donne pas la parole.

 

Christophe Huguenot

 

Rens. : http://tinamweni.com/wordpress/