Il n’y a que les montagnes qui ne se rencontrent pas © Sigrun Sauerzapfe

Retour sur Il n’y a que les montagnes qui ne se rencontrent pas par la Cie Le Facteur Indépendant

Les enfants d’abord

 

Moment fort parmi d’autres de la Biennale des écritures du réel, le spectacle Il n’y a que les montagnes qui ne se rencontrent pas met des enfants en scène pour le bonheur des plus grands, mais pas que. Une réussite donc.

 

Des enfants sur scène se questionnent en jouant à des jeux d’enfants métaphoriques, font naître d’autres questions dans la tête de ceux (enfants et surtout adultes) qui les observent, font jaillir des souvenirs, des contrastes… Des enfants de cultures, de conditions sociales et de constructions très différentes qui ne jouent pas à faire du théâtre mais qui en font, viennent montrer ce qu’ils ont fabriqué ensemble, viennent dire leur rencontre avec l’autre et avec soi…
Qu’ils nous parlent des avantages de la mort, sans gravité mais avec humour et tendresse, ou de la nécessité de la vie, de la rencontre, de l’attachement à autrui, c’est toujours avec sagesse. Ils nous font rire aux éclats aussi, et ils ne sont pas seulement touchants par leur présence : ils produisent parfois des moments de théâtre aériens et fluides que peu d’acteurs professionnels arrivent à atteindre et qui disent beaucoup, qui révèlent des contradictions, soulèvent des problématiques, du tragique en devenir, avec une simplicité nonchalante que les adultes ont perdue. « Il faut grandir pour être tranquille, sinon on est malmené. » Cela est dit avec un mélange de douceur, d’amertume et de patience révélant tant de choses sur notre système qui produit de la résignation, dont le but est le remplacement de cet être moral primitif, l’enfant, par un automate plus ou moins formaté. L’enfant connaît l’ironie et sait se venger par une moquerie toujours juste de la doctrine qui cherche à peser sur lui, et son aptitude à l’amour est immense comme un cri. Il n’y a que les montagnes qui ne se rencontrent pas est un formidable travail mené depuis deux ans avec persévérance et intelligence par la compagnie Le Facteur Indépendant. On sent qu’ils en ont traversé ensemble, des saisons, des états, des crises peut-être, pour élaborer cette création commune et kaléidoscopique, qui nous suggère qu’un autre monde est possible.

Olivier Puech

 

Il n’y a que les montagnes qui ne se rencontrent pas par la Cie Le Facteur Indépendant était présenté du 16 au 18/03 au Théâtre La Cité dans le cadre de la Biennale des écritures du réel