Dad is dead de Arnaud Saury et Mathieu Despoisse

Avignon Off 2017

Faites vos jeux !

 

Cette année, pas la peine de compter le nombre de spectacles présentés dans le Off d’Avignon ou de penser faire un juste choix, on s’y perd !

Malgré le fort désir de professionnalisation de l’association dirigeante Avignon Festival et Compagnies, le mystère d’une bonne sélection reste entier… Que vous piochiez au petit bonheur la chance ou selon quelques critères très personnels, il s’agira de partir à l’aventure — et le théâtre en est une, essentielle. Petit tour d’horizon de nos suggestions, en toute subjectivité.

 

Dans l’étendue des propositions du Off, laissez tomber le critère « C’est plein, c’est bien » : ce surbooking s’apparente parfois aux commentaires achetés de TripAdvisor.

Comme par grande canicule, préférez migrer vers des petits îlots rafraîchissants au milieu des multiples sollicitations chronophages et autre tractage intensif. Le prix des places n’ayant pas baissé, osons quelques pistes, parfois gratuites qui vous conduiront au cœur de la création et des projets en devenir. Une autre façon de préparer son festival, et de prendre de l’avance sur la saison théâtrale à venir.

Au Théâtre de la Parenthèse, découvrez une création en cours, Juste Heddy de Mickaël Phelippeau, sur et avec Heddy Salem, figure emblématique du Théâtre du Merlan et membre du Groupe des 15.

Le Théâtre des Doms reste un de ces lieux ressources du suivi de création. De son frais jardin avec fontaine s’est inspiré le titre d’un de ses alléchants rendez-vous gratuits : « Les invités du jardin ». Il comprendra une soirée PechaKucha menée avec la SACD Belgique et la Région PACA (le 16). Soit dix projets en devenir « pitchés » en un peu moins de sept minutes (Pink Boys and Old Ladies de Clément Thirion et Marie Henry, Ophélie de Jeanne Beziers…). C’est ici que l’on a pu découvrir l’an passé les Arlésiens de La Mondiale Générale avant leur succès à la BIAC 2017, et le projet Tabula Rasa de Violette Pallaro avec le captivant Thierry Hellin sur le grand plateau cette année. Ouvert également au public, un lundi en coulisse consacré au théâtre haïtien… Et dans le cadre du programme « Aux quatre coins du jardin » sera notamment abordé le thème de « l’accompagnement des arts de la scène dans l’affranchissement des frontières » en collaboration avec la Région Grand Est, porteuse d’une bonne sélection (le 11).

Dans l’idée des régions programmatrices, « L’Occitanie fait son cirque » nous permettra de retrouver l’univers tendrement déjanté du Marseillais Arnaud Saury, en duo acrobatique sur vélo avec Mathieu Despoisse dans Dad is dead (production Mathieu Ma Fille Foundation), mais aussi Pesadilla de Piergiorgio Milano.

Le festival Là ! C’est de la Musique propose des conférences gratuites, des Dj sets et des concerts en plein air dont les irrésistibles, Siestes acoustiques de Bastien Lallemant, avec JP Nataf, Françoise Breut, Seb Martel et David Lafore.

Le village du Off confirme sa position de cœur du festival avec diverses conférences, ateliers et concerts gratuits.

Au passage, citons quelques spectacles ou compagnies que nous suivons ou certaines séances de rattrapage :

Face à Médée de François Cervantes (Compagnie L’Entreprise), créé au Merlan, sera à L’Entrepôt, lieu de plus en plus repéré. Du même auteur, Prison Possession se posera au 11 • Gilgamesh Belleville. Un autre texte de Cervantes, Le Tarot du Grand Tout, écrit avec Lamine Diagne, s’installera quant à lui à la très courue Manufacture.

– Le solo de clown tragiquement ridicule Bottom de Gulko (compagnie Cahin-Caha), créé à la BIAC 2017, investira la Fabrik’théâtre.

– Avec son très beau spectacle Nativos (pour des danseurs coréens), la chorégraphe argentine Ayelen Parolin, découverte à Actoral 2016 et passée depuis par le Festival de Marseille avec 7even et au Festival de Montpellier avec sa dernière création Autóctonos, fera partie des toujours séduisantes propositions de L’Été Danse au CDC Les Hivernales, en partenariat avec le Théâtre des Doms.

Côté création, il risque d’y avoir bousculade pour Laika avec David Murgia (Raoul Collectif), seulement durant trois jours à la Manufacture. Ce même lieu avait proposé l’an passé Liebman Renégat ; Riton Liebman investira cette fois les Doms avec La Vedette du quartier, récit fantasque de ses premiers pas, enfant, au cinéma. Un spectacle porté par le Théâtre de l’Ancre (Charleroi), qui s’installe cette année avec le Théâtre de Poche (Bruxelles) à Avignon où ils inaugureront, avec la complicité de Jérôme Cury (directeur artistique de la compagnie Les Mélangeurs), une nouvelle salle, L’Eldoradôme, au sein du Collège de la Salle. Ils proposent une programmation belge, française et burkinabé. La Route du Levan, mis en scène par Jean Michel Van den Eeyden (directeur de l’Ancre), tentera de comprendre la radicalisation religieuse, avec un accompagnement musical de Vincent Cahay (Going Home). Y voir aussi Les Kïschs de Laurent Clairet et Jérôme Cury, ainsi que La Convivialité d’Arnaud Hoedt et Jérôme Piron dans sa version longue, un essai désopilant sur les règles de l’orthographe. Mais aussi Sank ou la patience des morts d’Aristide Tarnagda sur Thomas Sankara. Sur le même sujet, Sankara Mitterrand de l’Agit Théâtre revient aux Hauts Plateaux.

Testant notre humanité et le rapport à l’animal, Face cachée de la compagnie EquiNote, du cirque théâtre équestre, brillera dans le temple du cirque à l’Îlot Chapiteaux sur l’île de la Barthelasse. À côté, sur l’île Piot, le Théâtre du Passage programme du clown, du burlesque et du théâtre physique avec des spectacles venus de France, de Belgique, d’Italie, d’Espagne, de Russie et du Venezuela.

Véritable nid à nouveaux succès, le Théâtre des Halles accueillera Denis Lavant dans Cap au pire de Samuel Beckett ainsi que 20 ans, et alors ! de Don Duyns, mis en scène par Bertrand Cauchois, qui interroge les sens de la vie.

Coté jeune public, l’inéluctable Festival Théâtr’Enfants à la Maison du Théâtre pour Enfants de Monclar présentera notamment une création régionale, Arsène et Coquelicot de Sylvain Levey par Senna’ga Compagnie. Une histoire de famille mise en scène par Agnès Pétreau avec Julien Asselin. Deux enfants en prise avec la mémoire de leurs aïeux autour de la présence énigmatique d’un coquelicot dans chacune de leur famille.

 

Ils ont également retenu toute notre attention

– Fraternité, un spectacle de danse contemporaine pour les tout-petits (dès 3 ans) sur le thème des rapports complexes frère/sœur par la compagnie Filao à l’Atelier 44.

– Aux Doms : L’Avenir dure longtemps de Louis Althusser sur l’assassinat de sa femme, un seul en scène poignant de Michel Bernard (découvert avec la série Ennemi Public).

Côté théâtre documentaire, Is There life On Mars? de la compagnie What’s up?! interroge d’autres formes d’existence sur terre, comme l’autisme. Une production du Théâtre National de Bruxelles : les coproductions avec de grands théâtres peuvent être des indicateurs de qualité dans la course au bon spectacle à découvrir…

– Au Festival Villeneuve en Scène, qu’il ne faut surtout pas bouder sous prétexte d’éloignement, on ira voir Thinker’s Corner de Dominique Roodthooft par le Corridor et La DéORrée de la compagnie Rasposo.

Baies des anges de Serge Valletti, mise en scène par Hovnatan Avédikian, avec David Ayala, Joséphine Garreau et Nicolas Rappo, présenté au 11 • Gilgamesh Belleville : la verve de Valletti au service d’une mystérieuse histoire d’hommage aux défunts…  

– Anquetil tout seul de Paul Fournel avec un Matila Malliarakis increvable aux 3 Soleils.

– Enfin, le Théâtre de La Luna organise trois jours d’hommage à Jacques Dau, disparu récemment.

Ne reste plus qu’à vous souhaiter de bonnes découvertes !

 

Marie Anezin

 

Avignon Off : du 7 au 30/07 à Avignon.
Rens. : 04 90 85 13 08 / www.avignonleoff.com