Le monde dans tous ses états

A Gardanne, dans l’ancienne cité minière, la onzième édition des Rencontres du Cinéma écocitoyen offre l’occasion de partager collectivement notre regard sur les luttes qui secouent le monde, avec la projection d’une douzaine de films triés sur le volet.

Le constat est sans appel : la salle de cinéma est devenue aujourd’hui, plus qu’hier, le lieu d’échanges, de diffusions et de questionnements sur un monde en marche (en marge ?) dont on constate quotidiennement les nombreux dysfonctionnements. Moins coercitives que le petit écran, plus collectives que le net, facilitant les échanges et les prises de paroles, les salles — et les exploitants, pour la plupart, commencent à en saisir toute la dimension — sont (re)devenues de vrais et beaux espaces où l’on se rend pour dialoguer collectivement autour de sujets qui ont fini par nous toucher directement. Parfois boycottés par les grands médias, a fortiori la télévision, de nombreux films prennent aujourd’hui pleinement place au sein de cette dynamique, à l’instar des récents (et très différents) En quête de sens de Nathanaël Coste et Marc de la Ménardière, Demain de Cyril Dion et Mélanie Laurent, Je lutte donc je suis du remarquable Yannis Youlountas, Comme des lions de Françoise Davisse ou du phénomène Merci patron !, qui se retrouve quant à lui, en présence du réalisateur François Ruffin, au programme des onzièmes Rencontres du Cinéma écocitoyen de Gardanne, dont la programmation et l’animation sont collectivement bâties par de nombreuses associations impliquées dans ce projet. Jusqu’à la mi-mars, plus d’une douzaine de films et de nombreux invités permettront ainsi de s’interroger sur les multiples visages des réalités du monde via le prisme cinématographique. L’occasion de découvrir également les excellents opus qui ont marqué les sorties récentes en salles, du fabuleux documentaire de Christophe Cupelin Capitaine Thomas Sankara, consacré à ce grand homme burkinabé avide de liberté et de droits des peuples, aux magnifiques 5 caméras brisées d’Emad Burnat et Guy Davidi, La Terre et l’ombre de César Acevedo, Je suis le peuple d’Anna Roussillon ou Contre-pouvoirs de Malek Bensmaïl, que le cinéaste viendra accompagner. Citons également la présence d’Alèssi Dell’Umbria, bien connu du public phocéen pour son magistral ouvrage L’Histoire universelle de Marseille (aux éditions Agone), qui viendra pour l’occasion présenter Istmeno, le vent de la révolte, consacré aux luttes des communautés indigènes de l’Isthme de Tehuantepec contre les projets destructeurs, dans cette partie du Mexique, de diverses multinationales.

Emmanuel Vigne

Les Rencontres du Cinéma écocitoyen : du 9 au 15/03 au Cinéma 3 Casino (11 cours Forbin, Gardanne).
Rens. : 04 42 51 44 93 / www.cinema3casino.fr

Le programme complet des Rencontres du Cinéma écocitoyen ici