© Yohanne Lamoulère

Fêtes d’ouverture de MP 2018 – Quel amour !

Rallumer le feu

 

Cinq ans après MP2013, le territoire métropolitain entend de nouveau déclarer sa flamme « aux arts, aux artistes et au territoire » à travers une année culturelle placée sous le signe de l’amour. À quelques jours de l’ouverture des festivités pour la Saint-Valentin, focus sur les propositions artistiques qui emballent les cœurs de la rédaction.  

 

Si elle a connu des hauts et des bas (des débats aussi), l’année Capitale européenne de la Culture en 2013 est restée dans la tête de nombreux opérateurs culturels et (surtout) économiques comme un moment charnière dans l’existence de la métropole, avec un renouvellement conséquent des équipements, un flot touristique sans précédent et des retombées financières plutôt satisfaisantes. Cinq ans plus tard, l’association MPCulture entend renouveler l’expérience, ou plutôt se servir de 2013 pour « faire mieux avec moins ». Car « Ce n’est pas un deuxième 2013, c’est un nouvel événement qui a pris ses racines dans 2013 », prévenait d’emblée le président de la Chambre de Commerce, Jean-Luc Chauvin, lors de la conférence de presse de l’événement en septembre dernier. Si l’ombre tutélaire de MP2013 semble pourtant bien planer au-dessus de cette nouvelle manifestation — de la similitude des acteurs principaux, en passant par quelques éléments de programmation (le retour de JR à Marseille, l’ouverture participative suivie d’un spectacle pyrotechnique par le Groupe F…), jusqu’à son nom, MP2018 —, les temps ont changé, et la formule aussi. À commencer par le budget : MPCulture engagera 5,5 millions d’euros en tout, tandis que MP2013 avait pu compter sur presque vingt fois plus (91 millions). Exit aussi la « labellisation » ; désormais, les projets, beaucoup moins nombreux, sont accompagnés par un comité d’orientation artistique. Composé de quinze grands noms du paysage artistique local (Alain Arnaudet de la Friche, Dominique Bluzet des Théâtres, Jean-François Chougnet du Mucem, Jan Goossens du Festival de Marseille, Bernard Foccroule du Festival d’Aix, Gilles Bouckaert du Théâtre des Salins à Martigues, Angelin Preljocaj…), cette « tribu », comme l’a nommée Macha Makeïeff (directrice de la Criée), s’est engagée à programmer des œuvres en lien avec la thématique « Quel amour ! » sans contrepartie financière et à coproduire des œuvres inédites pour l’occasion. Il s’agira donc, pendant les huit mois de programmation, de déclarer sa flamme « aux arts, aux artistes et au territoire » via une multitude de propositions festives et/ou culturelles, populaires ou intimistes…

 

Nuits blanches

Le temps est donc venu de lancer les festivités, du 14 au 18 février, de Marseille à Arles en passant par Aix, Aubagne, Martigues, Istres, Miramas et Salon-de-Provence. Le programme s’annonce gargantuesque, principalement dans la cité phocéenne, qui ouvrira le bal le 14 février — Saint-Valentin oblige — par un Grand Baiser (une chaine de bisous destinée à être immortalisée) et les Feux de l’amour du Groupe F, avant que les autres villes ne se joignent à la fête durant le week-end.

Les bals, justement, fleuriront aux quatre coins de la Métropole : du Bal des Petits Loups mis en œuvre par Générik Vapeur à la Cité des Arts de la rue (le 14) au Bal des Flamants rouges proposé par le Théâtre Massalia à la Friche (le 14), du Bal déluré de la Conflagration avec collecte de câlins et cocktails aphrodisiaques à la clé (le 16 aux Bernardines) au Bal des Amoureux orchestré par Delavallet Bidiefono (le 17 aux Salins), jusqu’au Bal des (Re)mariés imaginé par Christophe Haleb et la Zouze (le 17 au grand Théâtre de Provence), les nuits devraient être courtes et caliente.

Il faudra d’ailleurs se préparer à ne pas beaucoup dormir durant le week-end, car sur le modèle de la Nuit Blanche parisienne, quelques lieux resteront ouverts non stop. C’est le cas des Théâtres (Gymnase et Bernardines à Marseille, Jeu de Paume et GTP à Aix), qui s’empareront du thème de l’amour pendant 43h d’affilée avec une multitude de performances et d’animations, entre « Nuit sulfureuse » mêlant notamment contes érotiques et effeuillage burlesque, petits déj’ coquins, jeux sur un plateau géant et ouverture des scènes aux amateurs. L’occasion de découvrir l’envers du décor et de faire « comme à la maison » dans ces lieux d’ordinaire sacralisés.

À la Friche aussi, on pourra faire une croix sur le sommeil, avec une flopée de créations qui devraient avantageusement éveiller à la fois notre curiosité et notre désir. Autour d’une question ouverte, « De quel amour avons-nous envie aujourd’hui ? », il s’agira de multiplier les invitations artistiques. En musique d’abord, avec A-MOR, une création généreuse, à l’image de son instigateur, Manu Théron, qui invite dix-neuf musiciens d’ici et d’ailleurs (parmi lesquels Hakim Hammadouche, Sam Karpienia, Raphaël Imbert…) pour une ode au mouvement et à la cité phocéenne (A-MOR est l’acronyme de À Marseille Ou Rien) ; ou encore avec la soirée Heartbeat, « traversée amoureuse de la soul à l’électro » en compagnie notamment de la disco pop sucrée salée de Corine, du show percussif Instrumentarium et du pionnier de la house chicagoane Lil Louis. Alors que les marcheurs du Bureau des Guides proposeront le premier épisode de leurs Mille et une nuits sur le toit-terrasse (voir ci-contre), l’intranquille photographe Antoine d’Agata investira plusieurs espaces de la Friche pour une Nuit épuisée en plusieurs temps, entre projections, lectures et performances jusqu’au petit matin. François Cervantes et la compagnie L’Entreprise ausculteront quant à eux toutes les facettes de l’amour pendant une nuit de lectures.

 

De l’amour en veux-tu en voilà

Du côté du Mucem, on jouera la carte du coup de foudre, avec un « parcours amoureux entre expositions, chuchotements poétiques, projection gourmande, et même un incroyable musée de l’amour, aussi éphémère que vivant ». Pour la Saint-Valentin, le musée a en effet donné carte blanche à l’Agence de Voyages Imaginaires pour métamorphoser l’un de ses plateaux et jouer, danser et chanter l’amour de 20h à minuit. Les autres espaces du Mucem se partageront entre projection de courts-métrages, adaptations théâtrales de scènes cinématographiques et chuchotements de secrets poétiques par les Souffleurs. En parallèle de la célébration ludique du Roman-Photo, une autre exposition viendra célébrer L’Amour de A à Z, composant un « abécédaire tendre et torride » à partir des collections du musée.

À la Criée, les festivités démarreront avec la reprise par le Ballet Preljocaj de son adaptation vibrante de Roméo et Juliette et un concert pédagogique du brillant Oran Etkin, qui partagera les histoires d’amour de sa clarinette prénommée Clara. Suivront, entre autres, deux nuits de pop philosophie autour de Lacan (le 15) et du « prix de l’amour » avec Laurent de Sutter (le 16) et un final en apothéose le samedi avec surprises visuelles, expositions, itinéraires dans les coulisses du théâtres, contes vagabonds et une soirée jazz jusqu’au bout de la nuit avec le pianiste Paul Lay.

L’amour se conjuguera aussi à travers les arts plastiques, avec de nombreux vernissages et temps forts. Ainsi, le 14, les enfants pourront s’initier à l’art avec d’un côté, un atelier-goûter pour l’ouverture de l’expo Souviens-toi d’aimer de Pauline Bastard et Nicolas Daubanes autour de l’amour familial à la Galerie Château de Servières, et de l’autre, un vernissage-guinguette de l’exposition Papier Machine de Marion Pinaffo et Raphaël Pluvinage au Studio Fotokino. Fotokino qui proposera par ailleurs un ciné-bal le 17 au Cinéma Jean Renoir à Martigues, rythmé par la projection du merveilleux Peau d’âne de Jacques Demy, un goûter et un bal musette avec Dj Cosmic.

Toujours pour la Saint-Valentin, on pourra découvrir l’œuvre monumentale lumineuse créée spécialement par Charles Sandison pour la Chapelle des Pénitents Noirs à Aubagne, The Nature of Love, qui propose une expérience immersive à la fois corporelle et spirituelle.

Plusieurs temps forts sont à prévoir le vendredi 16, avec l’ouverture de l’expo Picasso, voyages imaginaires à la Vieille Charité, le vernissage de l’exposition Gyptis et Protis de Yohanne Lamoulère (qui signe la couverture de ce numéro) au Théâtre du Merlan, et celui de l’exposition Je t’aime, je t’aime proposée par la Collection Lambert à Montévidéo, déployant un corpus d’œuvres sur le thème de la déclaration d’amour autour de l’installation Nuancier de François-Xavier Courrèges. Le FRAC nous promet quant à lui une « Nuit torride » à l’occasion de sa nocturne, avec expositions gratuites dès 18h, sélection de musiques langoureuses et rythmes endiablés concoctée par Radio Grenouille puis une visite à la lampe torche de l’exposition Le Bruit des choses qui tombent.

Une multitude d’autres événements devraient faire battre nos cœurs pendant ces cinq jours d’effervescence ; à chacun de concocter son programme en ne faisant appel qu’à une chose : le désir.

 

CC

 

Fêtes d’ouverture de MP 2018 – Quel amour ! : du 14 au 18/02 à Marseille et en Provence.
Rens. : www.mp2018.com

Le programme complet des Fêtes d’ouverture de MP 2018 – Quel amour !  ici