Edito 218

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Le choc des cultures

Les élections municipales initialement prévues en mars 2007 ont lieu cette semaine. Un an de rab pour les sortants, un an de trop pour les candidats à la succession. Tous azimuts, des promesses ont été faites, certaines seront tenues. Il en est auxquelles on croit. Il en est auxquelles on veut croire. Parmi celles-ci figurent les prétentions culturelles du futur maire de Marseille. Examinons-les de plus près. « De la culture partout et pour tous », promet Jean-Noël Guérini. Tandis que Jean-Claude Gaudin a l’intention de faire de Marseille la capitale culturelle européenne en 2013. Ecrivons le d’emblée : on préfère la première. Allouer tout le budget culture à une opération de relations publiques n’intéresse que les hôteliers, les cafetiers et les touristes. La culture partagée par le plus grand nombre, en revanche, est un engagement fort. Il reprend un idéal de civilisation selon lequel la culture nourrit l’homme et l’élève, jusqu’à la liberté. Avec l’éducation, la culture est une impérieuse obligation pour tout Etat démocratique. Le pouvoir au peuple, par le peuple et pour le peuple ne peut être exercé que par des citoyens éclairés. Un Etat qui négligerait ces deux piliers s’engagerait sur une pente glissante, fatale à l’idéal démocratique. L’abêtissement guette à tous les coins de nos écrans garnis par les nouveaux aristocrates.
Ainsi, la politique culturelle de la ville de Marseille doit traduire une ambition. La création de la bibliothèque de l’Alcazar est une idée magnifique. Si l’arrière-pensée immobilière ne fait aucun doute, l’édification de ce temple de la culture dans le centre-ville populaire est un acte mémorable des mandats de M. Gaudin. Cependant, il ne doit pas être l’arbre qui détruit la forêt. L’objectif doit être celui proclamé par Jean-Noël Guérini : la culture partout et pour tous. Celui de conserver les théâtres, les salles de concert, les lieux de fête, d’en créer de nouveaux. Mais permettre aux acteurs culturels de les occuper, de les faire vivre et d’en vivre est une autre histoire. Elle dépend bien sûr de leurs initiatives individuelles et collectives. Mais elle dépend aussi d’une volonté politique. Placer la culture au cœur de cette ambition est une oeuvre quotidienne. M. Gaudin a trop longtemps délaissé la vie culturelle marseillaise. M. Guérini promet qu’elle sera au centre de ses préoccupations. Comme disait l’autre, « les promesses n’engagent que ceux qui y croient. » Messieurs les édiles, quel que soit le prochain élu, il nous faut y croire.

Texte : Victor Léo
Illustration : Damien Boeuf