Carte blanche au Théâtre national algérien au Théâtre de Lenche

Carte blanche au Théâtre national algérien au Théâtre de Lenche

Alger-retour

Quand Maurice Vinçon et Ivan Romeuf arrivent à Alger fin 2006, ils ne se doutent pas qu’une aventure unique verra bientôt le jour entre deux pays séparés par la mer, mais rassemblés par le théâtre.

Fatma.jpgC’est le « Mektoub », le destin pour l’Algérien de la rue : on peut le croire quand on se penche sur cette relation entre le Théâtre de Lenche et l’Algérie qui, entamée au début des années 80, a pris son envol depuis deux ans. Maurice Vinçon du Théâtre de Lenche et M’Hamed Benguettaf, figure tutélaire de la scène algérienne, vivent en effet une sorte de lune de miel artistique depuis leur première rencontre, en 2006 à Alger.
Sous le regard bienveillant de la Ministre de la Culture Khalida Toumi, vieille connaissance de l’auteur et metteur en scène français, une série d’ateliers voient le jour. Mimes, travail de l’acteur, résidences de comédiens dans plusieurs villes… : une dynamique s’installe rapidement. Du côté des autorités, on veut aller vite : la parenthèse qui a plongé le pays dans le chaos a mis la vie culturelle entre parenthèses même si elle n’a jamais réellement cessé.
Cet automne, c’est au tour de Marseille d’accueillir sur les planches de la petite scène du Panier la troupe du TNA, le Théâtre national algérien.
Au milieu de la programmation, une création, Fatma, nous renvoie au quotidien d’une femme algérienne tiraillée entre émancipation et tradition séculaire. Nous sommes le 5 juillet, jour de l’indépendance et aussi de lessive pour Fatma. Seule en scène, Nesrine belhadj donne une force et une intensité peu communes à son personnage. Alternant cris de rage et postures quasi burlesques, elle est cette habitante de l’Algérie contemporaine qui se fraye un chemin dans un pays en train de panser ses blessures.
L’ambition est grande : d’un côté, une responsable de la culture qui aimerait créer une vingtaine de scènes sur le territoire et ici, une cité qui se prépare à déployer ses plus beaux atours avant 2013. Comme le souligne Maurice Vinçon, « il faut voir beaucoup plus loin, s’attacher à créer des passerelles entre pays du Magreb. » Dernier signe de cette entente cordiale, Ivan Romeuf vient d’être nommé directeur artistique du Théâtre national algérien par son homologue M’Hamed Benguettaf quelques jours avant de repartir monter Les Mouettes de Tchekov du côté de Mostaganem.

Texte et photo : Olivier Zanettin

La carte blanche au Théâtre national algérien était présentée au Théâtre de Lenche du 14/10 au 8/11.