Ça planche n° 187

Ça planche n° 187

L’homme qui danse de et par Philippe Caubère
Oxygène d’Ivan Viripaev par la Cie Fraction
Comment j’ai mangé du chien / Planète deux pièces d’Evgueni Grichkovets par la Cie ATS
L’inattendu de Fabrice Melquiot par la Cie des Pas Sages

L’homme qui danse
_De et par Philippe Caubère
Philippe Caubère est un phénomène : il a écrit, mis en scène et interprète — seul sur scène — ce marathon théâtral en six épisodes, où il explore avec brio sa vie de comédien. Philippe Caubère, c’est une voix, une présence inoubliable. Au fil des épisodes, il joue sa mère, Claudine, la bourgeoise gaulliste ; il joue Ariane Mouchkine, sa deuxième mère, celle du théâtre, autoritaire et narcissique. Il joue Ferdinand, son double, ce petit garçon qui a plongé dans le théâtre en jouant « devant des HLM pourris ». Philippe Caubère danse sa vie devant des spectateurs ébahis par tant de force et de fougue. Il raconte ce qu’est un acteur qui n’a plus rien ; plus rien d’autre que lui-même, ses angoisses, ses rêves, ses mots, son corps, sa voix. Sa vie. Philippe Caubère n’a pas besoin de promo : on en parle quand même parce que son spectacle est fantastique, dans tous les sens du terme. Autant dire que cette séance de rattrapage avignonaise est indispensable.
_Jusqu’au 6/05 au Théâtre du Chêne Noir (Avignon)

Oxygène
_D’Ivan Viripaev par la Cie Fraction
Amoureux d’une bourgeoise de la ville aux cheveux roux et aux doigts fins, Sacha, un garçon de province, tue sa femme et se retrouve avec une fille impossible, elle aussi prénommée Sacha. Face à nous et sous l’œil avisé d’un troisième personnage, ils déversent, sur le flot techno d’un Dj, des torrents de mots (et de maux), évoquant aussi bien le terrorisme que la misère affective, l’impérialisme économique que la magie d’un baiser… Cette confrontation prend la forme de dix compositions musicales, avec couplet, refrain et final… Dans une langue simple et insolente, Ivan Viripaev dresse le portrait déjanté et lucide d’une génération en demande d’explications. Mis en scène par le Bulgare Galin Stoev, Oxygène est un concentré de vie à haut débit, urbain et nocturne, rythmé et obsédant. En programmant cet étonnant spectacle dans un lieu inédit, le Merlan poursuit sa politique de découverte et offre une véritable bouffée d’air pur aux Marseillais.
_Du 11 au 14 au Port autonome (programmation : Théâtre du Merlan)

Comment j’ai mangé du chien / Planète
Deux pièces d’Evgueni Grichkovets par la Cie ATS
Les auteurs russes sont décidément à l’honneur cette semaine, puisque les Bernardines accueillent deux spectacles écrits par Evgueni Grichkovets, locomotive du nouveau théâtre slave. Tel un « funambule du verbe », à la manière d’un Buster Keaton à la recherche du temps perdu, le narrateur de Comment j’ai mangé du chien déambule sur le fil de ses souvenirs, en équilibre précaire au-dessus du non-sens qui menace de l’engloutir à chaque instant. On retrouve ce même humour décalé, voire désespéré, dans Planète, confessions d’un homme en quête de sa moitié, qui mêle ses mots doux aux grands maux de l’humanité. « Illuminé » par le monde de Grichkovets, adoubé par l’auteur himself, Patrick Haggiag met en scène ces deux monologues empreints de poésie, dans lesquels « la place des témoignages et le besoin de raconter des histoires priment sur la problématique de la forme. » Il rend ainsi un hommage sobre et efficace à l’écriture vive et acérée du Russe.
_Du 12 au 14 aux Bernardines

L’inattendu
De Fabrice Melquiot par la Cie des Pas Sages
Liane pleure son amant disparu et vit en suspens, terrée dans sa maison avec des flacons symbolisant ses souvenirs, dans l’attente d’un retour improbable. Telle une Pandore des temps modernes, elle ouvrira les flacons, pour respirer les possibilités de l’avenir. De là viendra sa renaissance… Comme la plupart des pièces pour adultes de Melquiot (Percolateur blues), L’inattendu figure le personnage de l’individu solitaire en quête de l’autre. Comment mettre en scène de manière dynamique un monologue de quarante-cinq pages, discours amoureux où l’être aimé est absent ? Dans son adaptation scénique, la compagnie des Pas Sages a choisi de recourir à un danseur-chorégraphe, Patrick Servius, pour matérialiser les rêves et les espoirs de Liane, « car la pièce ne doit pas seulement rester au niveau des mots. Le corps est traversé et changé de tout ce qui est à vivre et du temps qui passe. Ce danseur sera là sur le plateau, il est l’image, le souvenir, le fantasme de Liane. »
_Du 17 au 21 au Théâtre de Lenche

CC