Nous d'Alice Diop

Alice Diop, autour de Nous au Vidéodrome 2

Droits de cité

 

Avec la sortie en salles de son dernier film, Nous, la cinéaste Alice Diop s’impose sans conteste comme l’une des plus fines observatrices de la société française contemporaine. Un week-end exceptionnel lui est consacré, les vendredi 11 et samedi 12 mars, entre La Baleine, le Gyptis et le Videodrome 2.

 

 

Il est toujours abasourdissant d’assister en période électorale aux analyses politiques et sociologiques totalement hors-sol déversées à longueur de débats télévisuels. À cette différence près — et non des moindres — que cette nouvelle campagne présidentielle ouvre les vannes d’un discours particulièrement nauséabond censé refléter la réalité des villes hexagonales. Nous assistons ainsi à une logorrhée qui malheureusement instille en profondeur une majorité d’esprits prêts à donner foi aux pires démences manichéennes, tordant à l’envi la réalité en tous sens. Derechef, la phrase d’Howard Zinn se vérifie, « Tant que les lapins n’auront pas d’historiens, l’histoire sera racontée par les chasseurs ». Et ce rôle capital d’historienne est particulièrement tenu aujourd’hui par la cinéaste Alice Diop. De Clichy pour l’exemple à La Permanence, en passant par son dernier et sublime opus, Nous, la cinéaste déploie tout au long de son œuvre un regard d’une rare intelligence sur la société française, sur son histoire, sur ses quartiers — et plus particulièrement en Seine-Saint-Denis, où elle a grandi —, sur la société, sur celles et ceux qui la composent. Elle a fait sienne l’action politique du cinéma, « apportant un supplément au récit national, en allant à la marge, aux limites sociales ». Et l’on sait bien que c’est la marge qui tient le livre. Les vendredi 11 et samedi 12 mars, la cité phocéenne aura donc le grand honneur de recevoir Alice Diop pour une série de projections et rencontres scindées entre la Baleine, le Gyptis et le Videodrome 2, en partenariat, excusez du peu, avec Films Femmes Méditerranée, Image de ville, les Rencontres à l’Échelle, le Festival Parallèle, le Festival Africa Fête et l’association Ancrages. L’ouverture des festivités se fera à la Baleine, pour la projection de La Permanence. Ce puissant documentaire, qui avait particulièrement été remarqué en 2016 au Cinéma du Réel, nous plonge dans les services de l’Hôpital Avicenne de Bobigny, anciennement dénommé franco-musulman, où se dessine déjà une humanité souffrante tout à fait saisissante. Suivra le lendemain la séance de deux autres films de la réalisatrice, La Mort de Danton et Vers la tendresse, avant la carte blanche offerte par l’équipe du Vidéodrome 2 à Alice Diop : un choix particulièrement enthousiasmant, puisque la réalisatrice aura ici l’occasion de revenir sur un film majeur d’un des plus grands cinéastes français, Rabah Ameur-Zaïmeche, Wesh wesh, qu’est-ce qui se passe ? Nul doute que les échanges se révèleront passionnants, tant la démarche de ces deux artistes mêle intelligence des regards, du récit, et rigueur cinématographique. Enfin, ce week-end se clôturera au Gyptis par la séance de ce dernier opus, Nous, qui prend comme fil d’Ariane la ligne du RER B pour dessiner en filigrane l’un des plus beaux portraits contemporains de la société française.

 

Emmanuel Vigne

 

 

Alice Diop, autour de Nous : les 11 & 12/03 au Vidéodrome 2 (6e), à la Baleine (6e) et au Gyptis (3e).

Rens. : www.labaleinemarseille.com

Le programme du week-end « Alice Diop, autour de Nous »