WASSUP ROCKERS - (USA - 1h46) de Larry Clark avec Jonathan Velasquez, Francisco Pedrasa...

WASSUP ROCKERS – (USA – 1h46) de Larry Clark avec Jonathan Velasquez, Francisco Pedrasa…

Dans sa précédente fiction, Ken Park, Larry Clark dressait le tableau provocant de jeunes américains qui trompent leur ennui dans le sexe, la violence et la perversion. Portrait sans concession, le film… (lire la suite)

Kids return

Dans sa précédente fiction, Ken Park, Larry Clark dressait le tableau provocant de jeunes américains qui trompent leur ennui dans le sexe, la violence et la perversion. Portrait sans concession, le film avait divisé les admirateurs de Kids, premier long-métrage culte de ce photographe devenu réalisateur grâce aux encouragements de Martin Scorsese et Gus Van Sant, ses premiers fans.
Dans ce cinquième film, Larry Clark a opté pour une approche quasi documentaire, en suivant pendant plus d’un an des adolescents de South Central, un ghetto de Los Angeles. Ceux-ci sont considérés comme des marginaux au sein même de leur quartier. Ils ne fument pas, ne boivent pas, ne se droguent pas. Passionnés de skate-board, ils ont les cheveux longs, des jeans serrés, ils écoutent du punk-rock, et sont donc en totale rupture avec la culture hip-hop des gangs criminels qui dominent la zone. Les garçons jouent leur propre rôle et ont conservé leurs vrais prénoms dans le film. Le scénario a évolué tout au long du tournage en fonction des évènements, souvent malheureux, qui survenaient.
Cette approche originale donne une nouvelle dimension, plus authentique, moins provocatrice, à l’œuvre de Larry Clark. Le film ne contient aucune scène de sexe explicite, bien que le thème soit récurrent dans les préoccupations de ces jeunes. Quant à la violence, ces Latinos punk n’en sont que les victimes, prisonniers d’un système dominé par la haine ordinaire, aussi bien dans leur quartier que lorsqu’ils osent s’aventurer chez les riches, à Beverly Hills…
L’accalmie musicale provoquée par l’intégralité du Take me somewhere nice de Mogwai, très grand moment, en fin de film, n’est qu’illusoire et passagère : aucune issue ne se profile… En saisissant magistralement l’état d’esprit de ces adolescents, Larry Clark réalise non seulement son meilleur film depuis Kids, mais aussi le plus accessible.

Bertrand Epitalon