Le voyage du ballon rouge - (France – 1h53) de Hou Hsiao-Hsien avec Juliette Binoche, Song Fang, Hippolyte Girardot…

Le voyage du ballon rouge – (France – 1h53) de Hou Hsiao-Hsien avec Juliette Binoche, Song Fang, Hippolyte Girardot…

Attention : peinture fraîche !

cine-le-voyage-du-ballon-to.jpgInitié par le musée d’Orsay, qui l’a commandé et co-produit, Le voyage du ballon rouge est la première expérience cinématographique de Hou Hsiao-Hsien en dehors de l’Asie. Si son titre fait référence au moyen-métrage d’Albert Lamorisse sorti en 1956, le film est avant tout une belle occasion de voir la perception qu’a le maître taiwanais de notre capitale et de ses habitants. Susanne est une jeune maman hyper-active qui prépare un spectacle de marionnettes. Elle embauche Song Fang, étudiante en cinéma, pour garder son fils Simon. L’enfant et la baby-sitter sont poursuivis par un mystérieux ballon rouge qui flotte dans le ciel de Paris… Si la nounou, plutôt effacée, apparaît d’une manière évidente comme le double du réalisateur à l’écran, il semble que celui-ci ait concentré son attention sur le personnage de Juliette Binoche qui insuffle au film ses seuls moments de vie, de grâce pourrait-on dire, tellement la fragilité et l’énergie de l’actrice parviennent à nous saisir alors que ce qui se joue devant nos yeux n’est qu’un moment de vie parfaitement ordinaire. L’histoire qui nous est ici contée est presque un prétexte, un besoin naturel d’ancrer le narratif dans le réel, tant le récit nous importe bien moins que les contemplations poétiques de HHH sur notre propre quotidien. Le film alterne ainsi des moments clos, où il nous plonge dans l’appartement de cette famille atypique, et ceux plus aérés lors des ballades de l’enfant et de Song Fang dans les rues de Paris. Si les scènes ne partagent pas toutes la même intensité, on demeure tout au long du film en admiration devant la virtuosité technique du réalisateur : les jeux de reflets d’une porte, d’une vitrine ou d’un miroir agissent comme une superposition d’images liant les personnages au décor et nous dévoilant à l’écran « l’impression » ressentie par le réalisateur ; rarement le cinéma moderne ne s’était rapproché à ce point de la peinture impressionniste. Quant au mystère du ballon rouge, il sera révélé lors de la visite finale au musée d’Orsay… Laissez-vous guider.

nas/im