Focus - Dominik Eulberg

Focus – Dominik Eulberg

Vingt ans de techno, et une bonne nouvelle : ses enfants prennent la relève. Pour l’emmener ailleurs, après des années de tâtonnements, après ce fameux réveil allemand qui mit quand même une décennie à s’extirper de sa mécanique minimale… (lire la suite)

Dominik Eulberg Vingt ans de techno, et une bonne nouvelle : ses enfants prennent la relève. Pour l’emmener ailleurs, après des années de tâtonnements, après ce fameux réveil allemand qui mit quand même une décennie à s’extirper de sa mécanique minimale – certes novatrice mais souvent redondante. C’est qu’il en faut du temps pour se permettre un jour de revenir sur des acquis légendaires, déconstruire et ne garder in fine que l’essentiel : la flamme. De James Holden à Luciano, d’Alex Smoke à Robag Wruhme, tel est le pari de cette nouvelle génération – faire fi des conventions, quels que soient les moyens utilisés. Pour Dominik Eulberg, qui aime à le rappeler à longueurs d’interviews, le coassement d’un crapaud a ainsi autant d’importance qu’un bon riff de TB 303. Pardon ? Penchons-nous donc sur le parcours de notre apprenti éthologue. Elevé dans une région rurale située entre Cologne et Francfort (deux métropoles techno qui auront une influence décisive sur sa musique), le jeune garçon se passionne très vite pour son environnement naturel, passant le plus clair de son temps à observer les oiseaux, les rivières, les espèces végétales. Anecdotique ? Pas vraiment : quand il découvre, au début des 90’s, les mixes de Sven Väth à la radio, il ne tarde pas à faire le lien entre ces sons qu’il ne comprend pas – mais qui le fascinent – et ceux qu’il a l’habitude d’entendre, niché dans les bois. Car pour Dominik, tout est affaire de répétition : le cycle des saisons comme celui d’une boucle, la même pulsation sourde à filtrer de l’intérieur d’un club ou du ventre maternel… En parallèle à des études de biologie et géologie, il se met donc bientôt à mixer, et surtout à produire, plus par amour de la matière sonore que pour composer au sens propre. Seulement voilà : Dominik a du talent. Sa patte organique, rugueuse et ambrée, procédant par touches impressionnistes, fourmillant de ces détails qui la préviennent d’être figée, finit par convaincre nombre de labels – à commencer par Traum, qui sort une bonne partie de ses maxis et un album impeccable (Flora & fauna : tout un programme). Le sacre viendra de la bible allemande Groove (« meilleur nouveau-venu » en 2004 et « meilleur producteur » en 2005) qui le propulsera dans la sphère club aux côtés des meilleurs (ses remixes pour Dj Hell, Nathan Fake, Tiefschwarz ou Pier Bucci)… Ce qu’il faut donc tirer de tout cela, c’est que Dominik Eulberg est un pur produit de la génération techno : elle est sa seule influence musicale, son guide éthique, sa porte d’accès au monde moderne, et c’est donc de l’intérieur (plus que de « l’extérieur » environnemental) qu’il participe à lui donner une nouvelle impulsion. Appelé à devenir docteur en biologie, ce spécimen en voie d’apparition a intégré la techno à son mode de vie – un nouvel album sortira en fin d’année sur Cocoon, le label de… Sven Väth. Boucler la boucle, cette éternelle histoire de cycles.

PLX

Le 17 au Club/Studio 88, Aix-en-Pce, 23h avec aussi Jean-Vince/Sara Goldfarb

www.dominik-eulberg.de