La Flu?te Enchante?e par Simon McBurney © Robbie Jack

Festival International d’Art lyrique d’Aix-en-Provence

Cure de jouvence

 

Avec l’ouverture d’esprit qui le caractérise, le directeur du Festival d’Aix Bernard Foccroulle offre une programmation plus réduite en termes d’opéra mais fait de la manifestation une fenêtre pour (presque) toutes les musiques.

 

Le Festival d’Aix n’a plus besoin qu’on le présente, pour sûr. Mais, comme tous les autres festivals de France, et bien qu’il s’agisse d’opéra, il connait lui aussi la crise, que la génération de ses propres recettes (billetterie et diffusion de ses productions) aide toutefois à surmonter. Bel et bien vivant, il a choisi d’approfondir des axes de programmation moins onéreux, renouvelant encore sa constitution par le développement de programmes plus audacieux.
En effet, si la direction de Stéphane Lissner, qui a profondément marqué les esprits,  permettait d’assister à davantage d’opéras de plus grand format, dans un circuit plutôt restreint, celle de Bernard Foccroulle montre avec l’édition 2014 une volonté de renouveler ses publics, en misant sur une politique de rajeunissement. Rajeunissement souhaité de ses spectateurs, mais aussi de ses artistes, par la mise en place de master-classes pour jeunes talents lyriques (l’Académie européenne de musique), dont on pourra entendre quelques restitutions ou qu’on retrouve dans la distribution des opéras.
Pour ce qui est du fond de cette programmation, il y en a pour tous les goûts. On ouvre d’abord avec un bon vieux Mozart pour ne pas faillir à la tradition historique du Festival. La mise en scène de La Flûte Enchantée a toutefois été confiée à Simon McBurney (artiste associé du Festival d’Avignon en 2012) : tout de suite beaucoup moins classique. Nul doute que la sobriété et l’élégance qui le caractérisent donneront un corps moderne à Tamino et sa Pamina, à Papageno et sa Papagena, d’autant plus avec la chorégraphie de Josie Daxter et la place faite à la vidéo.
Toujours dans le registre amoureux, l’Ariodante, certainement l’opéra le plus solaire d’Haendel, sera joué au Festival pour la première fois.
Autre metteuse en scène britannique anciennement associée au Festival d’Avignon, Katie Mitchell montera des Cantates de Bach, dont le titre, Nuit de deuil (Trauernacht), laisse évidemment présager d’une tout autre atmosphère.
Malgré son format léger, Winterreise reste l’opéra le plus attendu, dans un cycle de lieder, ces poèmes chantés, composés ici par Franz Schubert pour baryton et piano, avec la prestation d’une pointure du genre, Matthias Goerne, et une création vidéo très spéciale.
La traversée ne sera pas que temporelle, mais aussi géographique : les concerts permettent d’entendre les plus grands noms de la musique classique, dont on recommandera particulièrement ceux de Jean-Gulhen Queyras, violoncelliste hors pair, qui s’associe autant à Tharaud pour un programme baroque qu’aux sonorités iraniennes de Bijan Chemirani et grecques de Maria Sinopoulos. Le programme Oraciôn proposera quant à lui un grand voyage, mêlant saetas flamencas aux chants d’Alep.
Ouverte sur le monde et encore renouvelée, cette édition montre le talent, l’exigence et la rigueur de pensée d’un festival dont la reconnaissance internationale paraît plus légitime que jamais.

Joanna Selvidès

 

Festival International d’Art lyrique d’Aix-en-Provence : du 3 au 23/07.
Rens. : 04 42 17 34 34 / 08 20 922 923 / www.festival-aix.com