Edito 268

Edito 268

Comme nos excellents confrères du non moins excellent Ravi l’ont annoncé eux-mêmes dans ces colonnes lors du précédent numéro, les « Monsieur 2013 » des trois principales collectivités territoriales engagées dans la capitale européenne de la culture (Conseil général des Bouches-du-Rhône, Conseil Régional et Ville de Marseille) ont été invités à débattre le 4 octobre dernier à l’Alhambra. Une première « confrontation » qui, on l’espère, en appellera d’autres, le sujet s’avérant trop vaste et complexe à couvrir en une seule fois.
Premier constat : nous étions nombreux à nous presser au cinéma de l’Estaque, qui comptant en savoir plus sur l’événement, qui espérant avoir des réponses concrètes de la part des institutions, qui venant soutenir sa paroisse. On regrettera seulement l’absence — et/ou la non prise de parole — de représentants de MP 2013 (sic) et d’une majorité de petites structures très actives dans le milieu culturel, qui œuvrent à l’ombre de cette manifestation sans savoir au juste quel rôle elles joueront en 2013, si rôle il y a pour elles.
Rappel des « forces » en présence : à gauche (logique) de Michel Gairaud (1), les ténors du PS Michel Pezet et Patrick Menucci, à sa droite, Renaud Muselier, qui avait pris soin, histoire se sentir moins seul, de venir accompagné d’une cohorte de fans applaudissant à tout rompre à chacune de ses interventions. S’affrontant à coups de chiffres et avouant de concert qu’ils n’avaient pas toutes les cartes en main pour faire avancer le projet, les politiciens présents ne nous ont pas, à vrai dire, appris grand-chose. Avec plus (Muselier) ou moins d’optimisme (Menucci), voire de manière pessimiste (Pezet), tous ont asséné que faire de la cité phocéenne un phare culturel qui brillera encore après 2013 ne serait pas une mince affaire. D’abord parce que Marseille Provence en est encore à l’état de concept : les contours du territoire restent flous et l’idée d’une agglomération à peine esquissée, tandis qu’on constate un manque de dynamique autour de Marseille et de projet commun entre les différentes municipalités impliquées. Ensuite parce que la politique culturelle — à Marseille, et a fortiori dans le territoire en question — est, à peu de choses près, inexistante.
La liste des problèmes à résoudre s’allonge ainsi chaque jour : manque d’argent public (les autres villes concernées exigent un « retour sur investissement » sous peine de retirer leurs billes) et de recettes privées (90 % des 14,7 millions escomptés n’ont pas encore été trouvés), retard dans les équipements, chienlit dans les transports… Sans compter que si elle rayonne en France et à l’étranger via quelques manifestations d’envergure (Festival d’art lyrique d’Aix, Fiesta des Suds…), la culture à Marseille, et plus généralement dans le territoire en question, ne se résume pas à ça. Elle fonctionne aussi et surtout grâce à un tissu associatif très actif mais peu — ou mal — aidé par les institutions. A chacun ses responsabilités : le milieu culturel assume sa part, on attend beaucoup de l’équipe en charge de MP 2013. Messieurs, quel rôle voulez-vous jouer ?

CC

Notes
  1. Rédacteur en chef du Ravi et modérateur du débat[]