Déchiffrer des lettres

Déchiffrer des lettres

Stanislas Amand expose ses Correspondances obliques, un ensemble de lettres où les notes et les images inaugurent ensemble un espace de vision et de méditation sur le monde et ses multiples représentations…

Déchiffrer des lettres

Stanislas Amand expose ses Correspondances obliques, un ensemble de lettres où les notes et les images inaugurent ensemble un espace de vision et de méditation sur le monde et ses multiples représentations.

Les écrits — humoristiques, analytiques, ironiques — sont présentés sous la forme d’une correspondance (fictive, réelle ?) avec une galeriste. Un souvenir, une rencontre, une commande, la perception d’une image peuvent en être le point de départ. Non pas en vue d’ériger une conception du monde, un système cohérent, de défendre un point de vue comme peut le faire un ouvrage analytique. Il s’agit plutôt, en se logeant au sein du monde, du milieu des choses, de montrer leur dimension paradoxale et polymorphe. Réalité et fiction, passé et présent, monde privé et monde commun, autoportrait et portrait du monde sont impliqués l’un dans l’autre, exprimés l’un par l’autre.
La mise en œuvre d’articulations fécondes entre images et éléments discursifs, mais aussi entre des images de différentes sortes et de diverses origines[1] permet d’ouvrir un nouvel espace de possibilités dans les pratiques d’images, de jouer le rôle d’une aire d’extension pour le sens ou encore de jeter un trouble sur les images en interrogeant leur statut et surtout leur fonctionnement. Se dessine en filigrane la volonté de produire des images qui n’imposent pas de sens mais qui font sens, qui motivent la perception et la réflexion sans en imposer aucune.
La perception du monde fonctionne ici comme une activité de transformation dans la façon de se rapporter aux choses, et non comme une information anonyme et passivement reçue. Comme une stylisation du monde, une constitution progressive et jamais vraiment achevée des choses. Une sorte de débat ou de communication permanente, à la fois donnée et à inventer, à montrer autant qu’à nommer… comme une correspondance oblique.

Elodie Guida

Jusqu’au 17/11 à la Traverse (28/38 rue Tasso, 2e). Rens. 04 91 90 46 76

Notes

[1] Elles peuvent être réalisées par l’artiste (photographies, images extraites de vidéo), sélectionnées dans le flux d’images existantes (télé, journaux, films, Internet) ou encore choisies dans le cadre d’ateliers réalisées autour des photographies d’archives des années 1970.