Control - (Angleterre – 1h59) d’Anton Corbijn avec Sam Riley, Samantha Morton…

Control – (Angleterre – 1h59) d’Anton Corbijn avec Sam Riley, Samantha Morton…

Entrons directement dans le vif du sujet : Control n’est pas une déception, c’est juste un biopic comme un autre. Tenter de retracer « fidèlement » la succession des faits marquants de la vie d’un artiste…

Joie divisée

Entrons directement dans le vif du sujet : Control n’est pas une déception, c’est juste un biopic comme un autre. Tenter de retracer « fidèlement » la succession des faits marquants de la vie d’un artiste, avec ses moments de doutes, ses traumas et ses rêves, c’est nous donner à voir les causes de l’inspiration créatrice de nos idoles. Control cherche, comme les autres biopics avant lui (Ray, Walk the line ou Dreamgirls pour ne parler que des plus récents) à nous faire comprendre ce « pourquoi » qui demeure, avec ou sans images, insondable. Psychologie au service du cinéma (et des musiciens qui lui servent de décor), ces semi-fictions peuvent être au mieux plaisantes — peut-être parce qu’elles remplacent dans notre imaginaire les documentaires que nous ne verrons jamais sur la vie de nos icônes chantantes — mais s’avèrent généralement plutôt plates lorsqu’il s’agit de les analyser d’un seul point de vue cinématographique. Dans cette industrie uniformisée de l’hommage filmé, seul Gus Van Sant avait pris ses distances avec les règles du genre pour nous servir un Last Days qui, s’il ne nous apprenait rien sur les derniers jours de Kurt Cobain, nous donnait une très belle leçon de cinéma quant à la distance du cinéaste vis-à-vis de son sujet. De distance, il n’y en a pas, ou si peu, entre Anton Corbijn et son héros, Ian Curtis, le leader de Joy Division — interprété assez « justement » par Sam Riley. Normal, me direz-vous, le réalisateur n’est autre que le photographe qui avait travaillé avec le groupe (et bien d’autres) lorsqu’il commençait à se vendre en dehors de Manchester. Tout ce que l’on pouvait attendre d’un film sur Joy Division est là : les murs en brique rouge, la déprime, les filles, l’alcool …Si vous cherchez à être surpris, vous risquez d’être vraiment déçu. Les plus indulgents loueront toutefois les plans larges et fixes parfaitement composés — et ce noir et blanc contrasté censé traduire la noire mélancolie du quotidien de Ian Curtis —, ils (ré)entendront avec plaisir les chansons de Bowie, de Roxy Music, d’Iggy Pop et bien sûr de Joy Division ; et ne s’étonneront même pas que leur héros meure à la fin du film. Si vous ne voyez pas Control, ce n’est pas grave, il ressemble de très près à ce que vous pouvez imaginer.

nas/im