Ce film est un voyage dans les années 20, de Marseille à Harlem, en passant par la Jamaïque, la Russie et le Maroc, sur les traces de l’écrivain jamaïcain-américain Claude McKay.
Figure rebelle de la Harlem Renaissance, cet auteur inclassable vagabonde pendant plus de 10 ans en Europe, fréquentant les avant-gardes artistiques et politiques, et devient un précurseur de la littérature et de la cause noire.
Le film, littéraire, visuel et musical, met en résonance les mots de Claude McKay, le jazz, les images des artistes de l’époque (cinéma, photo, peinture, affiches…) et les images d’archives documentaires, pour recréer les décors et les ambiances des romans.
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Le voyage commence à Marseille, avec le roman Banjo, qui raconte la vie d’une bande de vagabonds noirs qui jouent du jazz, palabrent et prennent la vie comme elle vient. Le film décrit le grand port international et l’ambiance musicale, festive et sulfureuse de ce « Quartier réservé » alors mondialement célèbre pour les marins et les artistes. C’est un document rare et précieux, qui évoque ce vieux Marseille aujourd’hui disparu après son dynamitage par les allemands.
Grâce à son autobiographie A Long way from home, nous découvrons qui est l’auteur derrière les mots du roman, puis nous suivons l’itinéraire de ce grand voyageur depuis sa Jamaïque natale et ses débuts aux États-Unis, où il se fait remarquer en 1919 avec son célèbre poème If we must die. Puis il entame un périple de plus de 10 ans en Europe, de Londres à Moscou, Berlin, Paris, Barcelone et jusqu’au Maroc. Marseille est une étape importante, qui servira également de cadre à l’inédit Romance in Marseille, publié en 2020 aux Etats Unis, et cette année en France, par l’éditeur marseillais Héliotropismes.
New York, point de départ et d’arrivée de ce long vagabondage, nous est décrite à travers son roman Home to Harlem. Cette Mecque du Nouveau Nègre nous permet de mettre en lumière la Harlem Renaissance à laquelle il contribue, et qui sera un déclencheur de la lutte pour les droits civiques. L’œuvre de McKay, résolument moderne, participe à l’éveil de la conscience noire et inspire le mouvement de la négritude. Ses réflexions résonnent avec l’actualité, les questions qu’il soulevait il y a un siècle se posent encore aujourd’hui.
Laurent Dussutour