Un OUI pour un NON !

Un OUI pour un NON !

Depuis une dizaine d’années, les Yes Men envoient régulièrement des pavés dans la mare politico-économique internationale, éclaboussant les responsables du bordel planétaire de la plus drôle des manières : en se foutant de leur gueule.

Depuis une dizaine d’années, les Yes Men envoient régulièrement des pavés dans la mare politico-économique internationale, éclaboussant les responsables du bordel planétaire de la plus drôle des manières : en se foutant de leur gueule.

Ils se réclament des situs français, mais c’est au Chaplin des Temps modernes et du Dictateur qu’ils nous font penser : les Yes Men (que l’on traduira, avec leur accord, par « Bénis Oui-Oui ») font les pitres quand d’autres manifestent — souvent en vain — leur mécontentement. Le but est le même (combattre le libéralisme), pas la manière : nos deux clowns activistes ont fait de l’humour une arme de destruction progressive. Ils ont surtout compris qu’à l’ère du tout à l’information, on peut lutter avec les mêmes arguments que ses ennemis, voire les retourner contre eux… Et ainsi illustrer la célèbre phrase de Gramsci : « il faut monter dans l’avion pour pouvoir le détourner ». Avant même de se rencontrer, Andy Bichlbaum et Mike Bonanno avaient eu la même idée : enrayer les rouages de la machine capitaliste de l’intérieur. Et tandis que le premier introduisait des gays en maillot de bain dans un jeu vidéo pro-militariste, le second faisait dire « I love shopping ! » à des douzaines de poupées Ken. Une fois réunis, les Yes Men vont s’attaquer à de plus gros poissons. En juillet 2000, peu avant le G8 de Gênes, Andy se fait ainsi passer pour un représentant de l’Organisation Mondiale du Commerce et balance des horreurs économiques à la télé, faisant l’apologie du darwinisme économique ! Quatre ans plus tard, toujours à la télé mais cette fois déguisé en porte-parole de l’entreprise Dow Chemicals, il annonce dans un poignant mea culpa l’indemnisation sans condition des victimes de la catastrophe de Bhopal en Inde. Incroyable mais vrai : à chacun de leurs canulars médiatico-politiques, personne (ou presque) ne réagit. D’où le paradoxe de cette contestation par la surenchère : si les Yes Men n’ont pas leur pareil pour dénoncer la monstrueuse absurdité du monde « moderne », leur méthode n’est peut-être pas la plus « efficace » qui soit[1]. Pas sûr en effet que les Yankees aient saisi le second degré de leur campagne pro-Bush aux dernières élections présidentielles… Mais les altermondialistes râleurs ne prêchent-ils pas eux aussi que des convaincus quand ils envahissent les rues de Seattle et de Porto Alegre ? Morale : quitte à contester, autant le faire en s’amusant.

CC

Andy Bichlbaum sera le 18 au Cabaret aléatoire (Friche la Belle de Mai) dans le cadre de la soirée digitaleMeUTE # 5
www.theyesmen.org

Notes

[1] Interrogés à ce sujet, ils ne s’en défendent d’ailleurs pas