Vento du groupe ZUR

Un été aux Aygalades

L’eau,  l’air, la vie !

 

Deux propositions conjuguant nature et espaces urbains ont donné le top départ de l’alléchant Été aux Aygalades concocté par les structures résidentes de la Cité des Arts de la Rue. On attend la suite avec impatience !

 

 

C’est un bel été qui s’annonce dans le quartier des Aygalades. La Cité des Arts de la Rue ouvre grand ses portes pour accueillir chaleureusement un public un peu étourdi de se retrouver enfin à l’air libre après un long hiver confiné. C’est en effet sur ce terrain de jeu de 36 000 m2 où se construisent les formes dédiées à l’espace public que l’on pourra découvrir le programme convivial et gratuit conçu par les structures qui y résident.  Au menu : spectacles, performances, cinéma en plein air, balades, aventures « hors les murs » dans les parcs et fermes pédagogiques avoisinants. Une manière aussi de prendre les chemins de traverse et de se réapproprier ce quartier historique de Marseille à la fois urbain et bucolique.

Deux propositions conjuguant nature et espaces urbains ont donné le top départ de cet été, placé sous les augures de l’eau et du vent.

Le 19 juin, la compagnie Kubilaï Khan Investigations nous invite au Saut de la Rivière, déployant un cercle chorégraphique, autour du ruisseau des Aygalades, petit fleuve qui poursuit sa course obstinée vers la mer en contrebas de la Cité des Arts de la Rue. Le public, familial en ce début de soirée, se laisse guider par les mouvements. Les minots, ébahis, réagissent quand des corps se jettent au sol au son d’une batterie puissante, et l’on se surprend à redécouvrir la griserie du spectacle vivant qui fait vibrer public et interprètes à l’unisson. Tout n’est que fluidité et énergie partagée, guidant doucement les spectateurs vers des escaliers qui s’enfoncent dans la verdure. C’est dans la chaleur tropicale du jour qui s’endort que l’on découvre la Noria, une immense roue à aube, cachée sous les frondaisons. À l’intérieur, la silhouette athlétique d’une danseuse y compose à l’infini des figures chorégraphiques, tandis que la roue tourne au gré d’une bande son mêlant voix et musique. Au loin, les notes d’un violoncelle se mêlent au murmure d’une cascade. Le public, conquis, remonte pour assister au final sur la grande terrasse de béton. Les danseurs amateurs des associations du quartier y rejoignent les professionnels pour un final sur des rythmes contemporains endiablés, invitant les spectateurs à se mêler à cette célébration euphorisante des corps libres en mouvement.

Le week-end suivant, c’est Vento, une proposition nocturne que nous fait le groupe ZUR. Plus de déambulation, on s’installe sous les hauts murs d’un hangar, dans un décor post-industriel. La scène est érigée comme pour un concert, flanquée d’enceintes puissantes. On n’y distingue rien ou presque. Seul le murmure du vent vient cueillir le spectateur au sein de sa rêverie. Puis une ombre se dessine sur l’écran apparu sur scène, rejointe par une, puis plusieurs silhouettes. Le dispositif habile mêle à la fois projection et ombres chinoises des artistes sans cesse en mouvement, au fur et à mesure que la musique se fait plus présente et hypnotique. Des corps dansent, hissent des drapeaux, des oriflammes sur lesquels se mêlent jaillissements féériques et motifs géométriques, dont les immenses murs du hangar se font l’écho. Les souffleries font voler des feuilles, des billets de banques échappés des poches d’un personnage ballotté par l’élément en furie, qui tente d’allumer sa cigarette, envers et contre tout. La composition se fait à la fois narrative et abstraite. La musique nous plonge dans une transe sensorielle, nous invitant à prendre notre souffle pour respirer ensemble au fur et à mesure que de l’obscurité naissent des tableaux portés par des images, des corps et des lumières sans cesse réinventés. Puis, comme le vent, la transe retombe, les souffleries s’arrêtent, les lumières s’éteignent, ne restent que les silhouettes sans artifice des performeurs. Des feuilles volent, portées par le dernier souffle des musiciens. Les applaudissements viennent rompre l’enchantement. « Ça fait du bien de vous revoir ! » lance un membre du groupe au public.

Oui, ça fait du bien d’être là un soir d’été aux Aygalades, à l’air libre, sans écran entre nous et les artistes, enfin ! On a hâte de poursuivre l’expérience.

 

 

Isabelle Rainaldi

 

 

Un été aux Aygalades se poursuit jusqu’au 23 septembre.

Rens. : https://www.lacitedesartsdelarue.net/

Le programme complet de Un été aux Aygalades ici