Umoja Festival

Magnifeste

 

Le festival Umoja, à l’intersection entre descente politique et manifeste artistique, qui est secoué de rythmes que l’on pourrait pêcher dans le grand bain du hip-hop, fait sa seconde et nécessaire édition du 16 au 22 juillet prochain. À l’organisation, on trouve l’association Baham Arts, qui veut sortir les puissances invisibles de l’ombre, jusqu’à prendre le parti bien résolu de programmer uniquement des artistes queer, et dans un grand renversement systémique, majoritairement afro et trans.

 

 

La note est proclamée : on en appelle aux concerné·e·s, aux allié·e·s, aux amateur·ice·s de gros beats auxquels s’ajoutent des mots scandés bien fort, bien haut. C’est un festival en révérence aux pouvoirs opprimés des personnes qui souffrent — meurent— du racisme, des x-phobies, du capitalisme et parfois, de tout cela à la fois. Radical et doux est le ton, oui, alors que radicales et terribles sont les violences.

Cette édition se fait en hommage au rappeur Ibrahim Ali, abattu d’une balle dans le dos par un militant FN en 1995, lorsqu’il avait dix-sept ans, dans une avenue qui porte désormais son nom (dans le 15e), et à Maïa Izzo-Foulquier. L’artiste interdisciplinaire, activiste et travailleuse du sexe, connue pour son « Art Pute », et pour son rap sous l’alias Zelda Weinen, s’est donné la mort en 2019, après avoir œuvré de toute son âme pour celles et ceux qui n’avaient, et n’ont toujours pas, les mêmes droits humains que d’autres, ou tout simplement, n’ont pas la parole.

Umoja, c’est lutter encore, ensemble : on le traduit du swahili par « unité ». Pour rassembler et les forces vitales, les mots d’ordres sont « danser, danser, danser ». À côté des ateliers, résidences, expositions, projections et tables rondes, deux soirées sont prévues, à Coco Velten et au Cabaret Aléatoire, avec concerts et dj sets. Issu·e·s, pour la plupart, de notre généreuse scène locale, on trouve parmi les artistes Moesha 13, aux ostentatoires fusions de kuduro et baile funk, standards techno et afro, vibrants et tonitruants, et qui ont déjà résonné, s’il vous faut une preuve de qualité, chez certains mastodontes de la pointe, comme chez Nyege Nyege Tapes (label ougandais qui a son fameux festival) ou le Berghain. Parmi beaucoup, on compte aussi un live de Lalla Rami, poétesse aux profondes palpitations textuelles ; ou bien les rappeur·se·s que le programme Voi.iels (Baham Arts, Sonica Vibes et le Cabaret Aléatoire) a accompagné·e·s, La Mâle, Imis Kill, Lynx et Tyshamstrong, entre tout l’éclectisme que peut nous offrir le rap et ses variances, impros trap, RnB mélancolique, grime underground, boombap ou carrément rave, relevés par des sélections dancehall pour nous faire vrombir sur les pistes de danse, après avoir été pénétré·e·s de puissantes performances de textes-sons-danses.

 

Margot Dewavrin

 

Umoja Festival : du 16 au 22/07 à Marseille.

Rens. : www.umoja-festival.com