TRANSAMERICA - (USA - 1h43) de Duncan Tucker avec Felicity Huffman, Kevin Zegers...

TRANSAMERICA – (USA – 1h43) de Duncan Tucker avec Felicity Huffman, Kevin Zegers…

On était impatient de savoir comment le cinéma américain, même indépendant, aller traiter un sujet aussi complexe que la transexualité. Cette confusion des genres, ce troisième sexe (fort ou faible, c’est au choix) semble être pour l’industrie cinématographique… (lire la suite)

Masculin-Féminin

On était impatient de savoir comment le cinéma américain, même indépendant, allait traiter un sujet aussi complexe que la transexualité. Cette confusion des genres, ce troisième sexe (fort ou faible, c’est au choix) semble être pour l’industrie cinématographique — excepté Almodovar qui s’en est fait une spécialité — un sujet presque tabou.
Bree vivote dans un trou paumé du sud-ouest des Etats-Unis et travaille dur pour payer les frais de l’intervention chirurgicale qui fera d’elle une véritable femme. Alors qu’elle vient d’obtenir l’autorisation nécessaire, un coup de fil vient remettre sa fragile existence en question : la femme qu’elle veut devenir découvre qu’elle est papa d’un grand garçon actuellement en prison à New York. Forcée de faire sa rencontre sous peine de se voir retirer l’agrément de sa psy, Bree va alors s’engager dans un long voyage, de New York en Californie, aux côtés de ce fils qu’elle voudrait pouvoir ignorer. Plus road-movie qu’intimiste, Transamerica s’attache à nous montrer la complicité naissante d’un père (devenu presque mère) et d’un fils aussi perdus l’un que l’autre. Gestuelle sur-féminisée, dialogues insipides, caméra figée, scénario qui n’évite pas le pathos de circonstance, c’est l’ensemble du film qui semble bancal. Et le traitement d’un sujet si sensible — entre humour et tendresse — creuse un écart abyssal entre notre attente et le spectacle proposé : on est plus proche de Tootsy que de la quête d’une quelconque dualité intérieure. Seule bonne idée du film : son début. On y voit Bree, essayant de modifier sa propre voix, élément déterminant de l’identité sexuelle, et même celle des autres lorsqu’elle pose sa main sur un disque vinyle diffusant une musique lyrique dont la voix change subitement de tonalité. Un tel procédé, très minimal, a le mérite d’être beaucoup parlant que des kilos de maquillages et de robes plissées. Espoirs déçus, Transamerica se perd dans la forme et les accessoires au lieu de sonder l’invisible. Il ou elle ? Monsieur ou madame ? A la fin, la question nous paraît futile tant le film semble être passé à côté de son sujet. En voulant s’attacher à la surface sans une seule fois plonger au cœur de la matière, ce film n’est même pas un échec, il manque tout simplement d’ambition.

nas/im