Tobe Hooper's Mortuary - (USA - 1h30) de Tobe Hooper avec Dan Byrd, Stephanie Patton... (Int. - 12 ans)

Tobe Hooper's Mortuary – (USA – 1h30) de Tobe Hooper avec Dan Byrd, Stephanie Patton… (Int. – 12 ans)

Que se passe-t-il, dans un film d’horreur, quand une famille reprend une vieille bicoque qui a la réputation d’être hantée et se révèle, comme par hasard, une ancienne entreprise de pompes funèbres où ont… (lire la suite)

Mauvaise cuisine

Que se passe-t-il, dans un film d’horreur, quand une famille reprend une vieille bicoque qui a la réputation d’être hantée et se révèle, comme par hasard, une ancienne entreprise de pompes funèbres où ont eu lieu des événements sordides ? Evidemment, ça dégénère. Cimetière, tombeaux, zombies, baraque labyrinthique à retaper… Tout y est dans ce nouvel opus. Tobe Hooper — dont le coup de maître, outre Massacre à la tronçonneuse, est bel et bien Le Crocodile de la mort, mais cela remonte tout de même à 1977 — et ses scénaristes reprennent donc, sans se poser plus de question que ça, tous les codes du genre. Malheureusement, ils n’en gardent que les mauvais aspects et rien ne vient redorer un blason lui aussi quelque peu vieillot. Dans sa deuxième partie, l’ensemble, malgré une belle lumière, est carrément ridicule[1] tant il est incohérent. Surtout qu’on ne saisit pas vraiment si Mortuary est une comédie, une parodie ou — ce qu’il est censé être — un film horrifique. Pourtant, au-delà du navet, Mortuary confirme une orientation qui se tresse dans le panorama du fantastique/horreur américain. Après la chute du mur de Berlin et la fin réelle d’une longue opposition avec l’URSS, les Etats-Unis ont dû se trouver un autre ennemi. En l’occurrence, cet ennemi, symbolisé par Ben Laden et Al Quaida, est bel et bien l’islam intégriste. Une des premières images du générique de L’Armée des morts, le remake 2004 du Zombie de Romero, montrait des musulmans en train de prier. Remarquablement significatif, surtout que le lien direct avec le sujet n’existait pas. Dès lors ont suivi des films tels que Creep, The Descent, ou Cabin Fever. Or là, l’adversaire à proprement parler n’en est plus un : il est nommé mais indéfini (particulièrement dans ses intentions), à l’inverse des Martiens et diverses créatures présentes et visibles comme, par exemple, dans La Chose venue d’un autre monde ou L’invasion des Body Snatchers. C’est-à-dire que la menace terroriste, aveugle, inapparente et insaisissable, est virtuellement palpable, telle l’anthrax, et ce dans toutes les strates des « républiques » menacées. Mais on ne sait où la chercher. Perturbant. Cabin Fever et Mortuary cultivent en toute logique ce climat de peur en évoquant soit un virus — pour le premier — soit un rhizome maléfique — pour le second. Toutefois, ce qui est le plus frappant, c’est cette constance de l’indifférence, d’ailleurs assimilable au fanatisme, que possèdent aujourd’hui les protagonistes serviteurs du « Mal ». Dans Creep comme dans The Descent, on a affaire à des monstres dénués de compassion qui agissent guidés par l’instinct. Feues donc des valeurs universelles, place à des créatures invincibles. Et invincibles uniquement parce qu’elles sont dans le noir, loin des préceptes, aussi bafoués soient-ils, de ce que l’on continue de nommer « démocratie ». On peut ainsi voir dans Mortuary la confirmation de cette tendance. Il semble néanmoins difficile de croire qu’une pincée de sel — yankee ou autre — pourra nous sauver cette fois-ci.

Lionel Vicari

Notes

[1] Les zombies sont tués par du sel… Si, si, c’est vrai… Et ce n’est pas Maïté qui est au scénar !