Sofa Rockers

Sofa Rockers

Loin d’être un rescapé de la vague « lounge », le groupe le plus marquant de la scène viennoise vient présenter, au Cargo arlésien, sa dernière mue en date : rare… (lire la suite)

Loin d’être un rescapé de la vague « lounge », le groupe le plus marquant de la scène viennoise vient présenter, au Cargo arlésien, sa dernière mue en date : rare

La « règle » des pages culture, à Ventilo, est de rendre compte – avec autant de passion que de mauvaise foi, de subjectivité que de pertinence – de l’actualité culturelle à Marseille. Pour ce qui est des villes avoisinantes, il y a une page – « dans les parages » – qu’un agenda chargé (mais incomplet par nature) et quelques encarts publicitaires (toujours bienvenus) préviennent généralement de toute forme d’articles, au grand dam de la rédaction. Qui fait en conséquence des entorses à la règle, quand ça lui chante, parce qu’elle le vaut bien. Surtout : parce qu’ils le valent bien. Cette semaine, les Sofa Surfers s’invitent donc dans ces colonnes pour de bonnes raisons : ils produisent une musique excellente, en studio comme sur scène, jouent rarement en France (deux dates sur cette tournée) et se renouvellent à chacun de leurs disques (on en est à quatre, sans parler des projets parallèles). Mais de quoi parlons-nous ? Pour beaucoup, le projet de ces quatre Autrichiens – rejoints depuis peu par un chanteur et chorégraphe aux accents soul – reste associé à la vague « downtempo », qui fit les belles heures de Vienne à la fin des 90’s. Révélés par un remix du très couru Richard Dorfmeister (Sofa rockers), les Sofa Surfers allaient devenir l’une des pierres angulaires de cette scène avec un fantastique premier album, Transit (1997). A l’époque, pour qui s’intéresse un tant soi peu aux vertus apaisantes de ce mouvement musical (trop vite affilié à la déferlante trip-hop), la baffe est sévère : dub, drum’n’bass, funk électronique et deep-house batifolent en toute impunité sous la couette. Une certitude : la magie opère aujourd’hui encore, et dans le genre, ce disque est sans doute le seul que l’on écoutera dans dix ans avec les fameuses Sessions de Kruder &… Dorfmeister. Mais au-delà de ce coup de maître, la force du groupe – car il s’agit d’un groupe – est d’avoir su se ré-inventer au fil du temps, sans pour autant se défaire de ces atmosphères cotonneuses qui enveloppent chacune de leurs sorties. Ainsi, le bien nommé Cargo (1999) proposait un voyage en apnée dans les entrailles du dub, un dub herculéen et noir, exhalant une odeur de souffre et de sueur mêlés, quand Encounters (2002) jouait la carte de l’ouverture vocale en invitant divers mc’s issus du hip-hop, de la soul ou du ragga. En fait, ce n’est qu’aujourd’hui que l’on mesure pleinement la richesse de cette œuvre : hâtivement étiquetée « électro », elle a toujours été le fruit de jam-sessions, du kif permanent de multi-instrumentistes rompus aux nouvelles technologies (vidéo et arts graphiques inclus). Le dernier opus du groupe, éponyme comme pour signifier qu’il se serait enfin trouvé, lorgne davantage vers le rock, tout du moins vers des racines plus blanches, moins complexes – des Sofa « rockers », mais plus au sens jamaïcain du terme. Que l’on se rassure : cette musique s’apprécie toujours dans un grand halo de fumée. Et c’est, hum, peut-être aussi pour ça qu’elle a les honneurs de la rédaction. PLX

Le 11 au Cargo de Nuit (Arles), 21h. Rens. 04 90 49 55 99
www.sofasurfers.net