Nous avons déjà eu l’occasion de le souligner dans ces colonnes : Béla Tarr, cinéaste hongrois trop peu reconnu, figure parmi les plus novateurs en matière de réalisation et d’intensité d’images. Comme le soulignait Gus Van Sant lui-même, qui ne manque pas de citer ses œuvres à la moindre interview : « Les films de Béla Tarr sont si proches du rythme de la vie qu’on a l’impression d’assister à la naissance d’un nouveau cinéma. » Pas faux. L’exigence du cinéaste hongrois s’appuie sur l’étirement du temps dans lequel se noient souvent les personnages, déboussolés. Félicitons Clavis Films pour avoir permis à quelques grands films d’exister en DVD, dont ce somptueux Satantango, sorte de huis clos où quelques âmes perdues errent dans les grandes plaines hongroises, en quête d’existence, d’espoir, de bouleversement.