La Bataille de Culloden de Peter Watkins

Rencontres du Cinéma européen de Cinépage, acte 2 : «C’est ici que je vis» au MuCEM

Ici d’ailleurs

 

Pour cette dernière quinzaine de mars, le cinéma du MuCEM accueille l’association Cinépage pour un prolongement de son travail autour des cinématographies européennes, avec la manifestation « C’est ici que je vis », consacrée aux minorités nationales et linguistiques en Europe, dans le cinéma.

Le constat est sans appel : l’association Cinépage s’impose désormais comme l’une des structures phocéennes de diffusion de l’image en mouvement des plus passionnantes. Faisant suite à la manifestation consacrée aux cinématographies européennes, un second volet de l’événement s’ancre au MuCEM, plus particulièrement focalisé sur les minorités nationales et linguistiques en Europe. Sujet captivant s’il en est, le cinéma, ou l’outil vidéo, ayant souvent été le médium privilégié des luttes pour une reconnaissance de son identité, à l’instar de ce que l’on a pu constater ­— et largement relayer dans ces colonnes — en Amérique du Sud. Six thématiques bien senties permettent ici de balayer un large éventail de problématiques : les identités basques et catalanes, les cultures menacées, la question du Royaume « Uni », les dialectes italiens, la situation des Roms et les langues minoritaires en France. Un ambitieux programme qu’alimenteront pour chaque sujet deux films et de nombreux débats en présence d’un chapelet d’invités remarquables ­— chercheurs ou réalisateurs —, tels qu’Yves Plasseraud, Corto Fajal, Leonardo Di Costanzo, Marie-Jeanne Tomasi ou Sarah Benillouche, pour n’en citer qu’une partie. Chaque thématique mériterait à elle seule un vaste article, mais citons pêle-mêle le titre éponyme de la manifestation, C’est ici que je vis, qui renvoie au film de Marc Récha (également présent lors de la projection), récit initiatique poétique qui déroule en filigrane l’importante question de la langue dans la Catalogne espagnole. Par ailleurs, faisant le grand écart entre l’ancien Empire ottoman et une partie de l’Europe, la communauté Pomak, largement menacée, est au cœur du très beau film de Dimitris Kitsikoudis, Plus tu parles… Plus tu pleures. La langue napolitaine, quant à elle, continue de soulever un certain nombre de questions au cœur de la société transalpine, et accompagne le langage cinématographique de l’œuvre de Leonardo Di Costanzo, dans L’Intervallo, prix de la critique à Venise. Enfin, quelques grands films incontournables parsèment cette programmation, du sublime Les Tsiganes montent au ciel d’Emil Loteanu au saisissant La Bataille de Culloden, de Peter Watkins. Cette manifestation d’envergure vient ainsi rappeler toute la sémillante présence des minorités linguistiques dont le cinéma tente de se faire l’écho, s’ancrant résolument, malgré le rouleau compresseur lénifiant, dans l’avenir de l’Europe.

Emmanuel Vigne

 

Rencontres du Cinéma européen de Cinépage, acte 2 : « C’est ici que je vis » : du 14 au 29/03 au MuCEM (Esplanade du J4, 2e).
Rens. : 04 84 35 13 13 / 06 26 47 78 72 / www.cinepage.com / www.mucem.org

Toute la programmation des Rencontres du Cinéma européen « C’est ici que je vis » ici