Relaxe d'Audrey Ginestet

Printemps du Film engagé

Luttes enchantées

 

Pour sa septième édition, le Printemps du Film Engagé nous offre l’occasion de profiter du prisme cinématographique afin d’échanger collectivement sur les soulèvements qui animent plus que jamais nos sociétés.

 

 

Au cœur d’un marché-monde globalisé ayant tronqué le citoyen, la citoyenne, pour d’uniques consommateurs du système, la question des récits, à l’instar du cinéma, reste essentielle, afin de justifier toutes exactions sociales et politiques qui nourriront cette domination chaque année plus insupportable pour les peuples. Entre autres, le récit de mécanismes géopolitiques et économiques qui échapperaient, par leur complexité, aux perceptions des individus, et auxquels nous serions donc assujettis, énoncés comme une réalité dont seule une élite peut en définir les règles : le fameux TINA de la fin des années 70 — There is no alternative — reste aujourd’hui encore l’antienne largement relayée par la majorité des gouvernements du globe, avec un cynisme vertigineux. À l’instar d’autres pays, en France, aujourd’hui, les luttes tentent de s’organiser et les stigmates d’une révolution des dominés sont désormais prégnants. Le cinéma fait partie intégrante de ces dynamiques qui permettent de considérer un autre récit des luttes, un contre-discours bien plus proche des enjeux réels d’une domination non démocratique au sein d’États devenus ploutocrates. Pour preuve, le nombre croissant de documentaires en salles, ces dernières années, qui, par la qualité des écritures, permettent une juste représentation des mondes.

Pour sa septième édition, le Printemps du Film Engagé égrènera à Marseille, durant huit jours, un panorama de ces films de luttes, selon une formule propre à l’événement : chaque soir, un court métrage, un long, suivis d’échanges. Soulignons d’emblée que le parrain de cette nouvelle édition n’est autre que Régis Sauder, excellent cinéaste qui a su, au fil d’œuvres exigeantes, offrir un regard pertinent sur les contours d’une société hexagonale contemporaine, comme en témoignent Nous, princesses de ClèvesRetour à Forbach ou J’ai aimé vivre là. Investissant les cinémas le Gyptis, les Variétés, le Vidéodrome 2 et la Baleine, jusqu’à la Casa Consolat et l’Alcazar, l’équipe du Printemps du Film Engagé démarrera les festivités avec la projection du film Relaxe, en présence de la réalisatrice Audrey Ginestet, nous permettant de revenir sur la fameuse Affaire Tarnac, dont les membres furent soupçonnés d’être de dangereux terroristes d’ultragauche, et qui fit à l’époque grand bruit au sein de la sphère médiatique. Suivra le lendemain la double séance de Zazie dans le métro de Louis Malle et de Palestiniennes, également en présence de la réalisatrice Mariette Auvray. Il est par ailleurs un spectacle à ne point manquer dans cette programmation : le fameux duo Catherine Vincent interprètera en effet son spectacle consacré à l’artiste révolutionnaire Tina Modotti, dont la vie tumultueuse suivra comme principal fil d’Ariane les luttes du 20e siècle contre toutes formes de dominations, et qui reste magistrale dans le film de Roy Clements The Tiger’s Coat, dont le duo de musiciens tire un réjouissant et fort original ciné-concert. Parmi les autres réjouissances de cette manifestation salutaire et portée par une formidable énergie collective, citons éparses les projections du bouleversant Chant des vivants de Cécile Allegra, de J’irai crier sur vos murs d’Élodie Sylvain et Charlotte Rico, de L’Atelier, la cuisine et la tortue d’Alain Barlatier ou de Je ne sais pas où vous serez demain, dernier film du réalisateur Emmanuel Roy, autant d’opus qui seront donc accompagnés de maints invités, afin de croiser les regards collectifs.

 

Emmanuel Vigne

Printemps du Film engagé : du 31/03 au 7/04 à Marseille.

Rens. : https://printempsfilmengage.fr

Le programme complet du Printemps du Film engage ici