Nous, Princesses de Clèves - Documentaire (France – 1h09) de Régis Sauder avec Abou Achoumani, Laura Badrane, Morgane Badrane…

Nous, Princesses de Clèves – Documentaire (France – 1h09) de Régis Sauder avec Abou Achoumani, Laura Badrane, Morgane Badrane…

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De la cour du roi à la cour d’école

Fin XVIe siècle. A la cour d’Henri II, la jeune et vertueuse Princesse de Clèves est tiraillée entre le respect moral de la fidélité maritale que lui a inculqué sa mère et ses sentiments pour le Duc de Nemours. Devenu un classique de la littérature, le roman de Madame de La Fayette est aujourd’hui enseigné en lycée. L’occasion pour Régis Sauder d’ancrer ce texte sur l’épreuve de la passion dans le présent d’élèves du Lycée Diderot, dans les quartiers nord de Marseille.
La trame du roman lui-même retient pourtant de moins en moins l’attention du spectateur au fil de la projection. Seuls le son d’un clavecin, laissant imaginer pléthore de courbettes et baisers de main, et les extraits du texte joués par les élèves sont là pour l’évoquer. L’originalité et la richesse du film résident ici dans ses multiples niveaux de lecture. Qu’il s’agisse d’histoires de cœur, où passion et raison ne font pas toujours bon ménage, ou de conflits générationnels avec les parents, les similitudes entre le roman et la vie des lycéens sautent aux yeux. Mais le film est aussi une claque aux idées reçues sur la banlieue et ses prétendus gueux qui seraient moins intelligents que les bourgeois des beaux quartiers marseillais. Quelle que soit leur origine, quel que soit leur habitat, les lycéens ont des préoccupations semblables et leur intérêt pour l’apprentissage de textes classiques est affaire de pédagogie, de méthode et de réalisme. Dès que les élèves apprennent via le jeu d’acteur et qu’ils font des parallèles avec leur vie quotidienne, l’intérêt grandit et emporte même les parents. Ceci vaut au spectateur de nombreuses scènes drôles ou émouvantes, ajoutant à la résonance temporelle de l’œuvre une projection du réel quotidien au virtuel de l’écran. Une belle leçon qui se retient sans peine.

Guillaume Arias