Vincent n'a pas d'écailles de Thomas Salvador

Ouverture du Gyptis

L’Interview
Juliette Grimont (Shellac / Gyptis)

 

A quelques jours de l’inauguration du Gyptis, rencontre avec sa co-programmatrice, membre de la structure de production Shellac, afin d’en savoir plus sur les enjeux et les ambitions du « nouveau » cinéma de la Belle de Mai.

 

Peux-tu nous faire un rapide tour d’horizon de la genèse du projet ?
A l’origine, le Gyptis (créé en 1913) était l’un des trois cinémas du quartier de La Belle de Mai. Il s’est ensuite transformé en théâtre, pour aujourd’hui revenir à sa première vocation. Le lieu appartient à la Régie Culturelle Régionale, qui en a confié l’exploitation à la Friche, avec l’idée de permettre d’entrer plus en profondeur dans le quartier, au moyen de ce nouvel équipement cinématographique. Un appel d’offre a été lancé pour proposer la programmation à une structure extérieure, et la Friche s’est donc tournée vers Shellac pour en prendre les rênes.

 

Le cinéma va donc fonctionner avec une billetterie CNC classique ?
Exactement. Avec 170 fauteuils homologués. Mais au-delà, nous avons créé un espace modulable, afin d’accueillir également des spectacles vivants, sur la scène, dont bien sûr des ciné-concerts. La salle est équipée en numérique, avec un projecteur et du son haut de gamme, et nous prévoyons dans l’avenir l’installation d’un 35mm. D’ailleurs, je profite de ces colonnes pour lancer un appel (rires) : nous sommes à la recherche d’un projecteur 35mm ! Ce qui nous semble également important, bien sûr, en l’occurrence pour la diffusion de films de patrimoine.

 

Et du coup, quelle a été la ligne directrice pour construire la programmation ?
En fait, nous avons plus eu envie d’être dans l’expérimentation. Ça fait partie de l’ADN de Shellac, tenter de nouvelles choses. Du coup, nous proposons une programmation thématique, ce qui n’existe quasiment pas en France, hormis peut-être au Forum des Images, ce type de grandes institutions. Nous programmons sur six semaines, en essayant à chaque fois d’accompagner au mieux les films : peu de séances, mais plutôt des rendez-vous qui mutualisent tout le public. L’idée étant que, plutôt que d’assister à une simple projection, les gens se déplacent pour une rencontre, un ciné-concert, un débat, une conférence… Notre ambition étant de trouver les bonnes thématiques transversales, afin de s’adresser à tous types de publics, du quartier et bien sûr au-delà.

 

Donc pas de sorties nationales ?
Non, ce qui est important, c’est de trouver une autre temporalité dans le rapport au cinéma, de sortir de cette rotation folle des films, de les mettre en regard les uns avec les autres. Sortir du rythme des sorties nationales nous permettra d’être plus libres dans notre programmation.

 

De fait, comment peut s’articuler le travail du cinéma en lien avec le quartier ?
Cela se jouera de plusieurs manières : la politique tarifaire sera déjà extrêmement attractive, avec un tiers de notre programmation destiné au jeune public. Toutes ces séances seront à 2,50 € pour tous, avec l’organisation, parfois, d’ateliers. Sans compter que le dimanche, nous maintenons la séance familiale d’un film plus grand public. Par ailleurs, nous allons nous inscrire dans les dispositifs scolaires, avec un gros travail à destination des écoles.

 

Est-ce que l’accent va être mis sur le défrichage d’un cinéma contemporain parfois en marge, avec de jeunes cinéastes qui n’ont pas forcément leur visa CNC et peinent à trouver des salles ?
Oui, bien sûr. Même si cette question de visa et de projections non commerciales reste à creuser. Soutenir la jeune création est une ligne de programmation claire chez Shellac. C’est l’une des boîtes qui lance régulièrement de jeunes réalisateurs, produit des premiers films. Cela fera naturellement partie de la démarche. Nous laisserons également un espace de programmation au cinéma expérimental, aux courts-métrages, l’idée étant de montrer des formes nouvelles, peu visibles en salles.

 

L’ouverture du Gyptis est évidemment un événement au sein d’une ville plutôt sinistrée du point de vue de l’exploitation cinématographique. Comment vous situez-vous dans ce paysage ?
Le Gyptis ne va pas venir résoudre le déficit de salles art et essai à Marseille. C’est une proposition à part, pour un mono-écran. Par contre, proposer une alternative comme on n’en voit peu, c’est un enjeu qui nous semble pour le coup particulièrement passionnant. Nous n’hésiterons pas à construire des propositions sous forme de cartes blanches, d’invitations, de rencontres diverses, avec de nombreux acteurs de diffusion à Marseille, type festivals. C’est quelque chose que nous allons vraiment développer. Le tout six jours sur sept (le cinéma sera fermé le lundi), avec une moyenne de dix-neuf séances par semaine. J’invite tout le monde, d’ailleurs, à venir nous retrouver pour le formidable événement que nous organisons le 4 octobre, à l’occasion de l’ouverture du cinéma.

Propos recueillis par Emmanuel Vigne

 

Le Gyptis : 136 rue Loubon, 3e.
Rens. 04 95 04 96 25 / http://lafriche.org/content/le-gyptis

  • Ouverture du Gyptis le 4/10 avec la projection de Vincent n’a pas d’écailles de Thomas Salvador.

  • Cycle « Ouverture au féminin » : du 1er au 12/10.

  • Cycle « Soyons sérieux » : du 8 au 14/10.

La programmation complète du cycle « Ouverture au féminin » ici

La programmation complète du cycle « Soyons sérieux  » ici