My name is Earl

My name is Earl

Comment faire adorer au spectateur un flic ripoux et violent (The Shield), un parrain de la mafia (Les Soprano), un serial killer (Dexter) ? En laissant les phéromones et le doux parfum du pouvoir faire leur effet ?

Comment faire adorer au spectateur un flic ripoux et violent (The Shield), un parrain de la mafia (Les Soprano), un serial killer (Dexter) ? En laissant les phéromones et le doux parfum du pouvoir faire leur effet ? Certes. Mais comment le rendre accro aux aventures d’un minable arnaqueur repenti ? En faisant de belles images, de très belles images.
Il y a quelques années, on pariait sur une surenchère de laideur et des répliques assassines dans Marié, deux enfants pour faire d’Al Bundy et de sa famille de grands héros malades. Le fond et la forme, main dans la main, baladaient leurs personnages irrécupérables dans des décors studio éclairés à l’halogène de salon.
Aujourd’hui le looser se prénomme Earl, est interprété par Jason Lee et se fait filmer par un digne rejeton de Michael Mann et des frères Scott (Ridley et Tony, pas les minets de la série éponyme). Un jour, Earl gagne à la loterie. Pour remercier le karma, il entreprend de ne plus jamais quitter le droit chemin, mais également — plus dur, plus drôle, plus masochiste — de réparer ses erreurs passées.
Tournée en décors naturels, My name is Earl est une sitcom toute en lumières et cadrages travaillés, pas désagréable mais au charme somme toute assez volatile. Bien évidemment, l’esthétique d’une série n’est pas tenue de toujours s’assortir à son propos, mais à force d’uniformisation de la qualité de filmage, de perfection visuelle, d’efficacité ravageuse du montage, on se déconcentre, rêvant à la fin de l’ère du « jamais sans mon filtre ».

Flore Cosquer