Miró, la métaphore de l’objet au Musée Ziem

Miró, la métaphore de l’objet au Musée Ziem

Miróbolant !

Le Musée Ziem de Martigues met l’accent sur l’importance de la sculpture dans l’œuvre de Joan Miró et nous prouve que l’audace de ses assemblages révèle un pan de sa création encore plus intense que ses toiles.

expo-Joan-Miro-Femme-C-Mari.jpgPrésentant 25 sculptures en bronze et trois ensembles d’objets prêtés par la Fondation Miró de Barcelone, l’exposition témoigne des réalisations en grand nombre effectuées de 1966 à 1983, montrant qu’en privilégiant la texture souvent brute du métal ajoutée au charme de la patine, Miró parvient bel et bien à ses fins : « assassiner la peinture ». On lui reprocha de ne pas assez respecter cette dernière et de pécher par trop de spontanéité et « d’infantiles tableaux » (ce à quoi Giacometti rétorquait que « Miró ne pouvait pas poser un point sans le faire tomber juste »), n’oubliant jamais les conseils de Picasso : remettre sans cesse en cause ce que l’on vient d’achever. L’anecdote est fameuse quant à leur première rencontre : « Picasso habitait Rue Lavoisier. Je ne l’avais jamais croisé auparavant. J’aurais pu, mais je n’avais pas osé. Alors quand j’ai su que je venais à Paris, je suis allé voir sa mère : “Ecoutez, madame, si vous le voulez, je peux faire une commission à votre fils, lui remettre quelque chose de votre part…” Elle m’a donné des pâtisseries pour Pablo, il a bien fallu que je les lui porte. »
Les pièces (très judicieusement installées) se sillonnent de paysages picturaux : on peut s’amuser à scruter à la loupe ce « mirómonde » (dixit René Char) pour déceler des cavités, des grains… Comme si la matière elle-même avait tout à raconter. Espiègle et grave à la fois, le Catalan a l’œil empli des grâces de l’enfance, mais fait preuve d’une poésie de fin glaneur, attentif au rapport des formes. Combinant des objets usuels personnifiés (la femme y a une place prépondérante) qui trouvent corps dans un esprit ludique, son travail, pourtant dense par le matériau, prend la légèreté du vivant. Des intuitions corroborées par ses propres écrits : « Je veux exprimer toutes les étincelles d’or de notre âme. » Empressez-vous de venir voir ces hardies pépites !

Texte : Marika Nanquette-Quérette
Photo : Marika

Miró, la métaphore de l’objet : jusqu’au 3/05 au Musée Ziem, Martigues. Rens. 04 42 41 39 60.
NB : Conférence « La sculpture d’assemblage au 20e siècle » par Catherine Soria, le 9/04 à 17h30.