Marseille à l’oreille

Marseille à l’oreille

Sous la forme d’un CD autoproduit, une radiographie sonore de la ville nous rappelle qu’il est toujours possible de l’appréhender les yeux fermés… (lire la suite)

Sous la forme d’un CD autoproduit, une radiographie sonore de la ville nous rappelle qu’il est toujours possible de l’appréhender les yeux fermés

Parti d’une idée originale, celle de raconter sa ville en mettant bout à bout des sons enregistrés au hasard de ses ballades, Donatien Caillot en est venu progressivement à un format d’une heure, où la narration joue le rôle de fil conducteur, permettant de mieux comprendre le décor sonore. Il ne s’agit pas de l’Histoire de Marseille, mais d’une histoire de Marseille, celle d’un curieux personnage, poète illuminé, attentif observateur « du plus grand village du monde » qui, tour à tour, l’embrasse, le rejette, le sublime… C’est ce regard critique, parfois militant, qui fait de cet enregistrement bien plus qu’une simple compilation de sons. Au fil des klaxons, des talons hauts, des bruits de vent, de mer, des échos de poissonnières (…), l’auditeur est guidé dans la ville. Les pérégrinations du narrateur l’emmènent à la rencontre de « personnages », de « gueules » des quartiers. Au détour du Vieux Port ou du Vélodrome, on croise un cordonnier, un chauffeur de bus à touristes, un kéké, un pilier de comptoir… Morceau choisi : « Ici, c’est méfi l’estranger ! Et l’estranger, c’est aussi bien le voisin que le nouvel arrivant ! C’est curieux pour une ville dont l’estranger est à Marseille ce que le poisson est à la bouillabaisse ! Un mélange, un mariage, dans la même casserole… Une recette populaire, quoi ! » Ecouter comme pour mieux regarder, c’est là tout l’intérêt de ce travail de sélection (plus de 80 heures d’enregistrements), de coupage, de collage, de montage, d’écriture aussi… Il est une manière de se rappeler que l’on ne sait plus regarder, que l’on n’en prend plus le temps : rappeler à tous les « mal voyants » que nous sommes que la vue n’est qu’un sens parmi d’autres, que l’on a sacralisé avec l’avènement de la société de l’image. Cet outil est en outre un moyen original pour les non-voyants de découvrir une ville… d’en ressentir l’ambiance.

Cédric Coda

Rue de Marseille, ou quelques pas d’oreilles dans Marseille… (autoproduction) est disponible en dépôt-vente à l’Office du Tourisme et dans diverses librairies (l’Odeur du Temps, la Librairie Maritime Outremer, les Chemins de Mer, l’Histoire de l’œil) et peut également être commandée par mail à casonnealoreille@yahoo.fr