Machination : jusqu’au 7/11 à Vidéochroniques

Machination : jusqu’au 7/11 à Vidéochroniques

Appareil à soupirs

Une rentrée artistique sur les starting-block, on prend les mêmes et on recommence ? Pas tout à fait… En ouvrant un nouvel espace place de Lorette, Vidéochroniques nous offre la belle surprise de l’automne.

expo-Cyrille-de-Laleu-Coitm.jpgUn nouveau « white cube » à Marseille inaugure son bel et grand espace avec une exposition sur le thème de la machine. Celle-là même qui euphorisait la scène artistique du début du siècle, trépidante, truculente parfois, bruyante, mais surtout en mouvement. Parce qu’en dehors des considérations sociales que la machine a ouvertes, d’un point de vue plastique, c’est par elle que les sculptures sont sorties de leur catalepsie… On cessa donc de représenter le mouvement pour l’utiliser soit comme médium soit comme sujet, soit les deux. Cette révolution, qui fomentait à l’est, arrive en France au milieu des années 50, avec l’exposition Le mouvement organisée chez Denise Renée à Paris. De bric et de broc comme Tinguely, de simples dessins qui tournent comme les roto reliefs de Duchamp, les mobiles de Calder, peu importe, il faut que ça bouge. L’exposition de la galeriste éprise d’art cinétique (1) fait encore autorité aujourd’hui et celle de Vidéochronique en a retrouvé l’esprit… Support high tech pour Cyrille de Laleu avec une jolie réinterprétation de L’Origine du monde, réminiscences dadaïstes pour Emmanuelle Bentz ou Richard Baquié (2), relectures cinétiques avec la voiture de Frédéric Vaësen, illustrant avec humour les théories coloristes de Joseph Itten (3)… De sa réalité physique à son pouvoir métaphorique, la machine s’illustre sous toutes ses formes dans cette réjouissante première exposition. A l’instar de la sculpture néon de Dominique Angel, elle reste encore aujourd’hui un paradigme, comme l’emblème d’une certaine Beauté Moderne avec ses couacs et ses performances… L’exposition, qui fait souvent référence à des codes d’autrefois, célèbre ce que le mariage de l’art et de la science nous a donné de meilleur.

Texte : Céline Ghisleri
Photo : Coitmotiv de Cyrille de Laleu

Machination : jusqu’au 7/11 à Vidéochroniques (1 place de Lorette, 2e). Rens. 09 60 44 25 58 / www.videochroniques.org

Notes
  1. Art cinétique : forme d’art contemporain issu de l’abstraction, fondé sur le caractère changeant de l’œuvre, son mouvement apparent ou réel.[]
  2. « Ce qui m’intéresse dans les machines, c’est le mouvement, leur pouvoir de faire des histoires. Elles provoquent chez le spectateur des projections mentales, le mettent en situation d’associer, d’ouvrir un autre espace… » []
  3. Joseph Itten : professeur au Bauhaus, théoricien des couleurs.[]