L’interview : Murcof

L’interview : Murcof

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Invité à jouer aux côtés de Philippe Petit dans le cadre des Avant_RIAM (signés Technè), l’activiste ambient Fernando Corona alias Murcof s’est entretenu avec nous.

Pourrais-tu te présenter ?
Je suis né à Tijuana au Mexique et j’ai déménagé à Barcelone en 2005. Cela fait vingt-cinq ans que je compose de la musique électronique. J’ai commencé dans les années 80 avec de l’electronica pure, et je me suis diversifié en mêlant ambient, noise et progressive. Je signe mes disques sous le pseudo Murcof depuis 2002.

Pourquoi avoir décidé d’explorer ce champ musical ?
La musique électronique m’a toujours fasciné. Elle s’invente et se modifie à l’infini. Il s’agit d’un objet malléable que je travaille comme un artisan. De nos jours, il existe une multitude d’outils qui permettent de donner au son la forme désirée. L’ordinateur reste mon appareil de prédilection car il est accessible, et permet de condenser ainsi que de traiter un nombre infini de sons.

L’influence de la musique classique et des musiques savantes au sens large est très présente dans tes disques. Cela a-t-il un rapport avec ton éducation musicale ?
Tout à fait. J’ai grandi en écoutant aussi bien de l’électro que de la musique classique. Mon père était bluesman et possédait une culture musicale très large. C’est lui qui m’a initié dès le plus jeune âge à la musique et aux instruments. J’ai d’ailleurs une formation de pianiste, et je tenais absolument à mêler l’électro au classique car ces genres entrent en parfaite symbiose.


Lorsque l’on écoute ton avant-dernier album, La Sangre Illuminada, sorti en 2011, on a envie de savoir d’où provient l’inspiration qui te permet de créer des paysages sonores aussi puissants et mélancoliques…

Je puise mon inspiration dans la vie de tous les jours, dans les choses les plus banales et anodines. Mais le moteur de ma créativité reste sans nul doute la musique elle-même. Je me souviens tout particulièrement de la sortie de l’album Oxygène de Jean-Michel Jarre, en 1977, alors que je n’étais encore qu’un enfant. Cet évènement a déclenché ma passion pour l’électro. Après l’école, je restais des heures dans la voiture de mon père pour écouter la cassette.

Pour beaucoup d’artistes, la musique est le moyen d’exprimer des sentiments très forts, presque inavouables. Est-ce ton cas ?
Oui, définitivement. Je vis la musique comme une thérapie, un moyen d’écrire mon histoire et d’y injecter des émotions que d’autres vont ensuite pouvoir se réapproprier.

Existe-t-il un fil conducteur qui guide tes créations ?
Pas vraiment. Je prends divers éléments, a priori opposés, et je les mélange pour produire un tout qui ne se borne pas à un découpage précis. Quand j’arrive à composer une fusion qui me plaît, je la développe jusqu’à son paroxysme.

Peux-tu nous parler de l’album en préparation avec ton ami de longue date Philippe Petit ?
Nous l’avons quasiment terminé, il devrait sortir très prochainement. Cet album est très différent de ce que j’ai fait jusqu’à maintenant. Il contient des sons beaucoup plus abstraits, plus perçus comme des enregistrements d’évènements qui nous ont marqués, Philippe et moi, que comme une expérimentation à partir de ce que le son pur a à nous offrir.

Ce n’est pas la première fois que tu viens à Marseille. Cette ville te plaît-elle ?
Marseille est une ville extraordinaire. Ce qui me plaît le plus, c’est son brassage des cultures. Ce phénomène est quelque chose de terriblement beau et imprévisible. Il rend cette ville mystérieuse, et je trouve cela très intéressant artistiquement.

Quels sont tes projets dans les mois à venir ?
Je vais continuer à arpenter la France. Je serai bientôt en concert à Grenoble, dans le cadre du festival Les Détours de Babel. Je vais jouer au sein de l’ensemble orchestral contemporain Wixarika, qui rassemble des musiciens français et mexicains. Le festival m’a commissionné pour organiser et gérer ce projet. J’en suis très fier car cela fait un moment que je voulais faire entendre, à l’étranger, la musique mexicaine contemporaine.

Propos recueillis par Gaëlle Delpuech
Photo : Mezli Vega

Murcof et Philippe Petit se sont produits le 6/03 au Conservatoire Pierre Barbizet (2 Place Carli, 6e) dans le cadre des Avant_RIAM organisés par Technè.
Rens. www.riam.info