L’Interview : Johnny Hawaii

L’Interview : Johnny Hawaii

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Pourtant influencée par des courants majoritairement anglo-saxons, la musique de Johnny Hawaii trouve un écho tout particulier à Marseille : sable fin, coucher de soleil, guitares perdues dans l’horizon, feu de bois et hallucinations psychédéliques au programme. Rencontre avec l’instigateur local d’une nouvelle culture plage.

Que cherches-tu dans ta musique ? Comment décrirais-tu ton univers et ton environnement sonore ?
J’essaie de créer une surf music qui serait ultra populaire dans un monde parallèle… Les jeunes gens se retrouveraient le soir sur la plage, danseraient et entreraient en transe en écoutant Smurf’s Up. L’univers de Johnny Hawaii est une vision altérée de la réalité, comme dans un rêve. On ressent les choses, mais on ne peut ni les décrire de manière précise, ni les attraper.

Comment t’y prends-tu pour composer ?
Je récolte les débris d’un âge d’or révolu et j’essaie de rassembler le puzzle. Puis je comble les trous laissés par les pièces manquantes avec ma guitare.

En septembre 2010, tu sortais le très inspiré Smurf’s Up EP, exotique et hallucinatoire à souhait. Que s’est-il passé depuis ?
J’ai tout de suite eu pas mal de bons retours sur le Net, majoritairement des blogs US. Puis Bad Panda Records, un netlabel italien, m’a proposé de sortir The lonely smurfer en digital. Ils ont fait un bon boulot de promo : j’ai pu bénéficier de davantage de chroniques, d’un passage sur la BBC 6 ou d’autres trucs improbables comme être playlisté sur une college radio dans un trou paumé de l’Iowa… Parallèlement, j’ai enclenché la partie scène avec mes comparses Kid Francescoli et Oh! Tiger Mountain. Un, puis deux petits concerts sur Marseille, un autre à Paris, le B-Side et bientôt la première partie de Skeleton$ au Poste lors de cette soirée organisée par le GRIM, mais aussi le MIDI festival… Donc en ce moment, on bosse le live.

Te sens-tu faire partie d’un mouvement ?
A Marseille, je fais partie d’une famille musicale, toute la clique Microphone Recordings (Oh! Tiger Mountain, Kid Francescoli, The Performers, Moondawn…). Nos musiques ne se ressemblent pas de prime abord, mais elles ont pour point commun d’avoir largement été influencées par les musiques anglo-saxonnes, ce qui est un bon début, surtout dans le coin. Stylistiquement parlant, j’ai l’impression qu’il y a une sorte d’internationale lo-fi psychédélique depuis quelques années, avec pas mal de groupes français d’ailleurs.

Quel est ton regard sur les années 2000, et donc sur ce retour du psychédélisme dans l’indé lo-fi ? D’ailleurs, quels sont tes groupes et labels phares ? Sun Araw ?
On vit une époque passionnante musicalement, il ne passe pas un jour sans que je découvre un truc terrible. Quant au retour du psychédélisme, je pense que les gens ont juste envie de triper, l’époque doit être propice à ça. Je suis particulièrement les sorties des labels Not Not Fun, Woodsist, Night People… Ducktails et Sun Araw sont deux artistes que j’apprécie particulièrement, ils m’ont décomplexé au moment où je commençais à développer Johnny Hawaii, tant au niveau du son que des structures de morceaux. Plus récemment, j’ai adoré 936 de Peaking Lights.

Les filles d’In the Garage te comparent à Panda Bear : qu’en penses-tu ?
C’est très flatteur. On peut voir une similitude dans le fait de sampler de vieux disques de surf music, les ambiances tropicales… Après, lui chante divinement bien et moi, je joue de la guitare du mieux que je peux.

Tu sors d’une résidence au GRIM, quelles sont tes affinités avec la structure ? Un album est-il en vue, ou bien d’autres projets ?
J’ai découvert cette structure il y a peu. Je pense que l’on a en commun un certain goût pour les musiques « différentes », même si je considère Johnny Hawaii comme un projet pop. On va bientôt sortir un vinyle sampler sur Microphone Recordings, avec un titre de chaque groupe du label sur la face A, et une longue plage collective sur la face B. Je n’ai pas encore réfléchi à la suite, mais il est possible que je balance un nouvel EP à télécharger gratuitement sur le net, sous peu…

Propos recueillis par Jordan Saïsset

Le 22/05 au Poste à Galène (103 rue Ferrari, 5e), avec Oh ! Tiger Mountain et Kid Francescoli, en première partie de Skeleton$.
Rens. 04 91 47 57 99 / www.leposteagalene.com / www.myspace.com/johnnyhawaii
Dans les bacs : Smurf’s Up (Bad Panda Records)