Les Seigneurs d’Olivier Dahan

Les Seigneurs (France – 1h37) d’Olivier Dahan avec José Garcia, Jean-Pierre Marielle, Franck Dubosc…

Fast Foot

Après le succès phénoménal de La Môme, qui lui a permis de tourner un film plutôt confidentiel à Hollywood, Olivier Dahan, remplacé dans le cœur des Américains par les tribulations silencieuses de Jean Dujardin, revient au pays des 300 fromages pour réaliser sa première comédie : Les Seigneurs. Naviguant habituellement entre la bonne série B (Déjà mort) et le nanar coup-de-poing (Les Rivières pourpres 2), il s’attaque ici à la comédie française pachydermique.

Patrick Orbera (José Garcia en Maradona de fin de soirée), ancienne star de football devenue alcoolique et chômeur (mais pas encore pédophile), doit retrouver un emploi stable pour pouvoir voir sa fille. Dos au mur, il accepte de partir entraîner une équipe de football sur une île perdue en Bretagne afin de les aider à sauver la conserverie de sardine locale. Pour se faire, il rameute tous ses potes du bon vieux temps. Ramzy le goal cocaïnomane dépravé à la René Higuita, Omar en Lilian Thuram au cœur fragile, Joey Starr le casseur de jambes professionnel, Franck Dubosc le raté prétentieux (le seul rôle qu’il sait jouer) et Gad Elmaleh illuminé attendrissant, unique personnage sortant de la caricature rassurante du footballeur. Les acteurs, cabotins de première en roue libre, font vite tourner la simili comédie sociale sauce The Full Monty en bande de potes qui font le show. Ni l’intrigue familiale d’Orbera, ni la tragédie sociale des pêcheurs ne parviennent à sortir du cadre artificiel de simple faire-valoir pour les pitreries (plutôt drôles, il faut l’avouer) de la brochette de comiques. Face à ce casting pléthorique digne des plus grandes soirées d’Arthur, même si on rit parfois, on n’est jamais dupe de la méthode consistant à aligner des têtes d’affiche autour d’un scénario écrit par le service marketing pour faire sonner la caisse enregistreuse. Une comédie pataude qui fait le même effet qu’un menu Big Mac : ça n’a pas de goût, ça cale sur le moment, mais on aime bien en manger de temps en temps… Alors que pour le même prix, le jubilatoire Moi, Député de Jay Roch avec le chef trois étoiles de l’humour US Will Ferrel vous ouvre grand les bras.

 

Daniel Ouannou