En écrivant Frankenstein, Shelley n’imaginait certainement pas que son monstre allait devenir une incroyable source d’inspiration pour le cinéma fantastique. La Hammer reprend ici le mythe à sa sauce légendaire et Freddie Francis (un des directeurs de la photo de Lynch) en propose une version très honnête et assez remarquablement subversive. Le réalisateur, par le biais de la créature, interroge l’ordre moral, la normalité. Ce qui en 1964, dans le genre et de manière aussi ouverte, est plutôt « avant-gardiste ». Notons aussi l’interprétation rugueuse de l’inimitable et toujours très classe Peter Cushing, auquel Victor Frankenstein va mieux que le Docteur Van Helsing. L’empreinte de Frankenstein, loin d’être kitsch, cheap ou Z, se regarde avec un plaisir et un intérêt réels, fort de sa structure narrative et de l’intelligence de sa facture.