Le jour se lève, Léopold ! présenté au Théâtre du Gymnase

Le jour se lève, Léopold ! présenté au Théâtre du Gymnase

Léopold position

Valletti crée à grands traits une comédie où, durant une nuit, neuf destins vont se croiser jusqu’au drame final. Une fable à la gouaille solide et savoureuse, insolente comme le boulevard, profonde comme la tragédie.

le-jour-se-leve-leopold.jpgCela se passe par une nuit étrange au bord de la mer, où les mots font écho aux maux de l’âme et du corps. Neuf personnages se rencontrent, vrais blessés ou seulement accidentés par la vie. Un malade grabataire est désespérément amoureux d’une femme à la jambe blessée, un marié fuit sa nuit de noces, un tenancier de buvette « parle » à un chien imaginaire pour tromper sa solitude. L’auteur aime les couples, les paires, ratées ou improbables : on est complices dans le forfait commis en tandem, on joue un numéro de music-hall en duo, on fuit son épouse, on danse au son du juke-box, on parle seul comme si l’on était deux. On jette les mots comme autant de bouteilles à la mer. Car cela parle sec chez l’ami Valletti ; ça bavarde, ça pécore, ça roucoule et ça jacasse. Les protagonistes se cherchent et/ou se ratent. Tout est prétexte à une tchatche jubilatoire et empressée ou carrément désenchantée. Chez Valletti, pour le plaisir de dire, la réflexion profonde se mêle sans complexe à la brève de comptoir. Et le cri désespéré du mal de vivre jaillit sans prévenir pour rejoindre la désillusion profonde : « C’est la démocratie, chacun fait comme il veut, sauf tout le monde ! » Plus morale qu’il n’y paraît, cette saga nocturne douce-amère a la couleur d’une anecdote et la fin abrupte d’une tragédie. On meurt et on meurt seul, même accompagné, face à une dernière aventure puisque « y a bien que pour mourir que l’expérience sert à rien. »

Texte : Bénédicte Jouve
Photo : Christine Sibran

Le jour se lève, Léopold ! était présenté du 16 au 24/01 au Théâtre du Gymnase.