La série sur le gâteau : The IT crowd

La série sur le gâteau : The IT crowd

serie-The-IT-Crowd.jpgSi la sitcom américaine vient de trouver un second souffle comme l’attestent les très drôles et brillantes 30 rock, How I met your mother ou The Big Bang Theory, de l’autre côté de la Manche, un village d’irréductibles couillons résiste encore et toujours à l’impérialisme états-unien. En effet, d’Absolutely fabulous à Black books en passant par l’explosion de Ricky Gervais via The office — exporté depuis avec succès aux USA —, l’humour absurde et nonsensique reste l’apanage de nos amis britanniques. Ce que ne contredira pas l’incroyablement barrée The IT crowd, qui fait gondoler la Perfide Albion depuis 2006. Chassant en tongs sur les terres de la connerie ordinaire telle que l’entendaient les Monty Python et du corporatisme crétin cher à Ricky Gervais, la série de Graham Linehan, en forme de virée hallucinatoire dans les bureaux d’un département informatique, mixe le tout avec brio via trois acteurs extraordinaires n’ayant peur de rien et surtout pas du ridicule. Ainsi de Jen (Katherine Parkinson), l’élément féminin du trio, (ir)responsable dudit département, qui, entre ses achats compulsifs de chaussures et quelques râteaux de la gent masculine, essaye tant bien que mal de trouver sa place dans les sous-sols de Reynholm Industries et de comprendre ce qui l’entoure. Comme, au hasard, ses deux collègues, Roy et Moss, caricatures respectives du geek et du nerd, qui enchaînent tout au long de la journée conneries sur conneries. Grand échalas irlandais en rut et dépenaillé, Roy (Chris O’Dowd), l’informaticien en chef, n’aime rien tant que rien glander, s’empiffrer de junk food, lire des comics ou refaire le(ur) monde avec son acolyte Moss, plutôt que de venir en aide à ses collègues. Moss (Richard Ayoade), enfin, au look improbable — chemise avec beaucoup trop de carreaux et pantalon très court — et sosie de Laurent Voulzy croisé avec Michael Jackson période Off the wall, est le grand malade de la bande. Déconnecté de tout, timoré, maladroit, incompétent humainement parlant, le scientifique du sous-sol passe son temps à inventer des trucs inutiles, comme une échelle pour aider les papillons à sortir de la baignoire, cependant qu’il est incapable d’écraser une araignée ou de mentir raisonnablement — Jen en mourra (pour de faux) lors de la saison 1… The It crowd, c’est aussi un patron qui préfère sauter par la fenêtre plutôt que d’avoir affaire à la police, un feu qui se déclare sans se propager, une porte rouge derrière laquelle se terre l’hilarant et gothique Richmond, le surveillant de « boutons lumineux » ou des soirées proprement rocambolesques — voir le premier épisode de la saison 2, à hurler de rire. At last but not the least, c’est l’ami Neil Hannon (The Divine Comedy) qui a composé le sympathique et entêtant thème du show : les grands esprits se rencontrent toujours.

Henri Seard