Effacée/Borrar de Anna Feillou

La Semaine Asymétrique au Polygone étoilé

Vies aériennes

 

Du 22 au 29 novembre, le Polygone Etoilé et Film Flamme proposent les onzièmes rencontres d’un cinéma sans pareil, la Semaine Asymétrique, espace ouvert à la richesse de la création cinématographique sous toutes ses formes, et instants de partages rares autour des films présentés par leurs auteurs.

 

Robert Bresson le rappelait à l’envi : « Le cinéma n’est pas un spectacle, c’est une écriture. » Et nous de rajouter que le collectif Film Flamme, et le Polygone Etoilé, accompagnent depuis sa création — et largement au-delà pour ses créateurs — cette écriture, qui participe aux temps du film, au temps de la création, au temps du spectateur. Dans ce lieu essentiel en France, il y est question de cinéma. Profondément de cinéma. L’image en mouvement se bâtit, s’articule, se charpente, se projette et se questionne. Loin de toute idée de culture (celle pour qui Godard sort son carnet de chèques) et de tous ses afférents (festival, événement, territoire, marché…), l’enceinte abrite les spasmes de cet amour qui nous étreint tous, qui nous a élevés, qui continue de (nous) réinventer. En point d’orgue d’une activité à nulle autre identique, la Semaine Asymétrique invite le spectateur à la passion de la pensée qui fait le temps du film. Mais aussi au plaisir du voir ensemble : le principe reste le même, les cinéastes viennent construire un temps de rencontres, films sous le bras, participant avec les autres cinéastes et le public au(x) mouvement(s) du geste. Au sein de cette programmation formidablement riche, les liens tissés entre Film Flamme et la création cinématographique sud-coréenne prendront corps avec la venue de Juhn Jai-Hong, jeune cinéaste soutenu par Kim Ki-Duk, qui renouvelle à travers les films présentés les regards sur les questions qui agitent cette société sud-coréenne. Par ailleurs, une carte blanche au cinéaste Boris Lehman, dont l’histoire est liée à celle du Polygone Etoilé, viendra rappeler la pertinence du regard de cet immense cinéaste. Parmi tous les réalisateurs qui viendront traverser cette odyssée cinématographique, citons Raphaëlle Paupert-Borne, Valérie Jouve, Jean-Pierre Beauviala, Olivier Derousseau, Florence Pazzottu, David Yon ou Brahim Hadj Slimane, sans oublier la participation amicale de l’Abominable, laboratoire cinématographique partagé, qui accompagnera une poignée de films parmi la soixantaine proposée. Enfin, un temps sera pris pour une première restitution du travail que l’équipe du Polygone Etoilé construit à Port-de-Bouc, le long d’une longue résidence de deux ans, avec les habitants de la ville. Cette Semaine Asymétrique entre alors en résonnance avec les Assises Nationales de la Création Cinématographique Indépendante, un rendez-vous essentiel que l’AARSE, l’Association des Auteurs et Réalisateurs du Sud-Est, proposera du 20 au 22 novembre à Marseille, afin d’interroger les questions vitales du sens de la création et de la diffusion au sein d’une industrie hexagonale jacobine qui ne laisse que peu d’espaces au cinéma hors cadres.

Emmanuel Vigne

 

La Semaine Asymétrique : du 22 au 29/11 au Polygone étoilé (1 rue Massabo, 2e).
Rens. : 09 67 50 58 23 / www.polygone-etoile.com

Le programme complet de la Semaine Asymétrique ici