K 2000

K 2000

serie-K2000.jpgContrairement à une idée fortement répandue, les années 80 ne furent pas exclusivement cette ère maudite dédiée à l’expression d’un reaganisme rance dans l’industrie spectaculaire américaine. Car, pour un Rick Hunter — sorte de Charles Bronson du pauvre qui, avec les devoirs et les grands prix de F1, a réussi à ruiner tous les dimanches après-midi de mon enfance —, nous avions K 2000, série non violente, d’une simplicité bressonienne, relatant à coups de synthétiseurs et de déserts rougeoyants, les exploits du « chevalier solitaire », Michael Knight, et de sa phénoménale « monture », KITT — comprenez Knight Industries Two Thousand, bande d’incultes. Sans entrer dans les arcanes narratifs de la série, on peut affirmer sans trop se tromper que l’enjeu principal d’un épisode de K 2000 consistait à décliner à l’envie le schéma suivant : Michael doit sauver une jeune fille innocente (ou une veuve éplorée), bat à la course une méchante voiture concurrente, va manger aux frais de la princesse avec son patron Devon Miles pour fêter ça, avant d’assaisonner le dessert avec la dite midinette qui n’a plus d’yeux que pour le torse velu et le sourire beauf Ultra Brite de David Hasselhoff. Voilà. En dehors de ce détail, la vraie force esthétique de K 2000, l’objet de fascination qui me faisait piaffer d’impatience devant mon écran Grundig, c’était KITT, bagnole de rêve qui parle, dépasse en rigolant les 300 miles à l’heure — dans ton cul : la DeLorean ! —, va chercher le pain si on dit « s’il te plaît » et disserte sur des concepts aristotéliciens. Autant vous dire qu’après ça, hormis Jennifer Garner en collant, tout vous paraît assez fade. Et puis c’est quand même autre chose que les tubes à essai des Experts.

Romain Carlioz