Jean Cocteau et la Méditerranée : jusqu’au 24/01 au Palais des arts

Jean Cocteau et la Méditerranée : jusqu’au 24/01 au Palais des arts

L’œil et l’esprit

Le Palais des arts fête le cent-vingtième anniversaire de la naissance de Jean Cocteau (1889-1963) avec une exposition consacrée à la diversité de son œuvre et de ses connaissances sur le pourtour de la Méditerranée.

expo-Cocteau.jpgCocteau est l’expression même de la transversalité. Poète, romancier, cinéaste, dessinateur, orfèvre et scénographe, il représente, dans les faits, ce que Merleau Ponty a verbalisé dans L’œil et l’esprit : un regard qui déstructure la perspective pour envisager les pleins et les déliés, l’espace du vide, ce qui se matérialise entre les lignes. Dans l’exposition Cocteau et la Méditerranée, il est beaucoup question de dessins sur papier, souvent à l’encre. Le trait inscrit une ligne franche, à la manière de l’écriture et de ce qui tend vers l’essentiel. Il raconte un univers proche de la contemplation et de la suggestion. Cocteau s’affranchit clairement des modes de représentation de son époque : l’impressionnisme, le constructivisme. Il semble surtout imprégné par des stéréotypes de la mythologie grecque, avec une même figure en tête, portant le nez aquilin, une bouche charnelle et les cornes du centaure qui nous renvoient au Guernica de Picasso. Cocteau et Picasso, c’est une amitié publique et secrète. Il y a leur représentation photographique et ce qu’ils se disent à l’écart de la foule. On sent une influence réciproque qu’il ne faut pas trop révéler, mais qui est évidente au regard de ce que l’on voit. Le point d’orgue de cette exposition est, indéniablement, la collection de bijoux réalisés par l’artiste à Villefranche-sur-Mer dans l’atelier des époux Madeline. Là où tout ce qu’il tente d’exprimer se matérialise dans la finesse du maniement de la terre et des ors. Entre le plan et le volume, l’épais et le délié, le graphisme et l’objet sculpté, Cocteau élabore le roman de ses mains et offre au regard des femmes la fragilité et la force de sa pensée dans un objet que l’on garde et que l’on choie dans la discrétion de la demeure.

Karim Grandi-Baupain

Jean Cocteau et la Méditerranée : jusqu’au 24/01 au Palais des arts (Place Carli, 1er).
Rens. 04 91 04 68 32 / http//:www.regards-de-provence.org