Identités Remarquables | David Lafore

Lafore tranquille

 

La Mesón invite David Lafore, artiste libre et discret à la fois, au répertoire langoureux et provocant, au charme indéfinissable, dont nous suivons l’ascension depuis ses premiers albums. Son retour dans la cité phocéenne pour une carte blanche valait bien un portrait de ce Marseillais expatrié.

 

La carte blanche à la Mesón, lieu chaleureux et coloré, est l’occasion de découvrir cet artiste inspiré, entouré de quelques complices : le batteur Gildas Etevenard, Hakim Hammadouche (joueur de mandoline chez Rachid Taha), Edith Bégout (ex Têtes Raides), Ottilie B ou Hank !

C’est aussi et surtout une opportunité de mettre en avant ce poète déjanté, de comprendre qui il est, d’où il vient, de capter ce qui le définit le mieux (rêveur ou rebelle ? Sérieux ou drôle ?), de cerner son jeu musical qui intrigue, fait rire ou sourire, et émeut.

Artiste complet, auteur, compositeur, interprète, David Lafore nous apparaît comme un rêveur romantique, un amoureux compulsif qui cultive son côté punk et ses obsessions, pour Brigitte Fontaine et Philippe Katerine notamment.

Il n’est pas né à Marseille, mais y arrive dans l’enfance. Ado, il comprend très vite que la musique l’aidera à s’échapper d’un quotidien pas toujours facile. Il compose déjà ses premières chansons à la guitare et joue dans plusieurs groupes, d’autant que les études ne sont pas sa priorité. Il ira tout de même en fac de théâtre, seul univers artistique pouvant lui permettre de gagner sa vie, chose qu’il pourra faire pendant sept ans en tant que comédien au Badaboum Théâtre. À ce moment, il en est aux balbutiements de sa carrière d’auteur et chanteur. C’est grâce au théâtre que David Lafore se construit ; ce que l’on a aucun mal à imaginer, vu ses facilités sur scène et son côté burlesque.

David Lafore et son personnage sur scène ne font qu’un, avec parfois un trac qu’il dit apprivoiser de plus en plus. Pour l’avoir vu plusieurs fois, nous savons que l’artiste est capable de se lâcher en improvisations musicales, de se montrer un peu provocateur et tendre à la fois, et que quand il se met à parler ou chanter, il peut déranger, surprendre ou faire rire, ce qui transforme le concert en spectacle, et le chanteur en comédien. C’est ce qu’on aime justement dans ses prestations, ce naturel déconcertant et inspiré entre les chansons, sa prise de parole, sa folie douce, sa quasi absence de tabou.

David prend du plaisir sur scène, comme en témoignent ses 150 concerts l’an passé (!), une expérience qu’il entend renouveler cette année. Il trouve lui-même la plupart de ses dates dans des lieux associatifs, à la ferme, dans des vignes ou des appartements. Des lieux peu conventionnels qui lui permettent de garder les pieds sur terre, de rester humble. Pour autant, il arrive à vivre de sa musique et sortira au printemps son cinquième album, probablement autoproduit comme les deux précédents.

Sa discographie semble suivre un fil conducteur, avec des thèmes de prédilection, comme l’amour et la tendresse (J’ai l’amour, Jalousie, Un baiser…), une certaine mélancolie (Ô tristesse), parfois de la brutalité (J’ai massacré tout un pays) et beaucoup d’humour (20 francs, Petite culotte, Les Cheveux…). Il maîtrise plusieurs instruments, comme le montre l’album J’ai l’amour, où il a tout fait seul. Très personnelles, ses compositions en français se révèlent à la fois riches et épurées, notamment sur ses trois premiers albums ; le dernier se démarquant des précédents par une transformation de la voix et un son carrément synthétique. L’artiste nous explique s’être découvert de nouvelles capacités vocales, qu’il compte encore faire mûrir et qui, selon lui, donnent du relief, surtout quand il est seul sur scène.

David Lafore a déjà (presque) tout ; ne manque plus qu’à conquérir un large public. Son souhait pour 2019 ? Remplir des salles plus grandes et faire une tournée marquante : on croise les doigts pour lui !

 

Cécile Mathieu

 

Carte blanche à David Lafore : les 25 & 26/01 à la Mesón (52 rue Consolat, 1er).
Rens. : 04 91 50 11 61 / www.lameson.com

Et aussi le 24/01 à l’FMR (L’Isle-sur-la-Sorgue). Rens. : 04 90 94 92 86 / www.facebook.com/FMR.placeculturelle/

Pour en (sa)voir plus : https://davidlafore.fr/