Jean-Claude Götting est un auteur rare, par sa production — seulement une dizaine de bandes dessinées en plus de vingt ans — comme par la qualité de celle-ci. Dans son nouvel album, il est question d’un morceau de jazz volé à un musicien alcoolique par l’un de ses collègues qui l’enregistre et en fait un immense succès, en touchant les droits d’auteur à la place du créateur. A la fin de sa vie, l’usurpateur demande à un journaliste de retrouver le véritable compositeur afin de lui rendre ses droits. Happy Living est un récit délicat et cotonneux qui laisse à ses personnages le temps de vivre une aventure singulière et des émotions assez fortes, sans appuyer celles-ci. Mine de rien, il se passe ici beaucoup de choses, mais sans que l’on ne s’en aperçoive vraiment, tout paraissant couler de source, y compris les événements les plus surprenants. Côté dessin, le noir et blanc fortement grisé de Götting est toujours aussi fin, splendide et séduisant.