Frédéric Platéus, Documentation Evidence à la galerie Buy-Sellf Art Club

Frédéric Platéus, Documentation Evidence à la galerie Buy-Sellf Art Club

California Dreamin’

A l’occasion de l’exposition du travail de Frédéric Platéus, la galerie Buy Sellf à Marseille et la galerie Marion Meyer à Paris présentent chacune simultanément une facette d’une œuvre qui fait interférer, de manière toujours plus codifiée, les mondes développés par les communautés spécialisées du jeu et de la recherche scientifique.

expo-Plateus-Bipolar.jpgFaçonnée par un effet de fascination pour l’industrie cinématographique et les studios Hollywoodiens d’une part, et pour l’industrie aéronautique et le surf d’autre part, l’image de Los Angeles est celle d’une ville fondée sur et par des communautés culturelles, industrielles, ou encore militaires. Fasciné par la « low culture » qu’incarnent les industries de L.A. par opposition à New York, Frédéric Platéus exploite, notamment à travers ses sculptures, les langages plastiques et systèmes propres, presque autarciques, produits au sein de toutes formes de communautés. Le travail exposé à la galerie Buy Sellf est le résultat d’un double procédé. Dans un premier temps, l’artiste s’est introduit dans une communauté, plus réduite que celle du Tuning car très spécifique et réunie autour de la customisation de Rubik’s cube, afin d’en intégrer les principes. Ici, la customisation est engagée selon les termes d’une recherche scientifique et guidée par les possibilités de division d’un polyèdre. Sans jamais s’attacher définitivement à un réseau ou un système, Frédéric Platéus intègre et réplique dans un autre milieu, celui des arts plastiques, une formule codifiée qui ne prend normalement son sens qu’au sein de la communauté qu’elle a fondée. La série de photographies Scrambled, qui portraitise trois personnalités de l’astrophysique, de l’armée ou de l’informatique selon un principe de diffraction emprunté à la géométrie moléculaire, est à ce titre représentative du modus operandi de Frédéric Platéus. Jeux de codes et couleurs électriques, manipulation moléculaire ou peinture de carénage, l’artiste belge relève l’évidente perméabilité des réseaux les plus spécialisés en les utilisant comme une matière à création. Un véritable répertoire des cultures « West Coast », marginalisantes ou marginalisées, qui marque la vanité de nos tentatives perpétuelles de hiérarchisation des références. Pour mieux renouveler le langage sculptural lui-même, historiquement très codifié, et le projeter vers d’autres territoires et identités.

Leslie Compan

Frédéric Platéus – Documentation Evidence. Jusqu’au 14/06 à la galerie Buy-Sellf Art Club (101 rue Consolat, 1er). Rens. www.buy-sellf.com