Focus 157 - Jack de Marseille

Focus 157 – Jack de Marseille

Avec le temps, assassin lorsqu’il s’applique à la nature mouvante de la musique électronique, on avait presque oublié cette évidence : l’un des meilleurs dj’s français… (lire la suite)

Avec le temps, assassin lorsqu’il s’applique à la nature mouvante de la musique électronique, on avait presque oublié cette évidence : l’un des meilleurs dj’s français (le meilleur ?) est installé ici depuis toujours, ce qu’un patronyme facile mais explicite vient régulièrement rappeler de par le monde, comme une marque de fabrique. Deux raisons à cela. D’abord, le premier ambassadeur de Phocée en la matière lui a longtemps fait défaut, plus occupé à s’exporter – lui, son nom et donc sa ville – qu’à faire profiter de son aura le petit monde du clubbing local. Ce que l’on ne saurait blâmer, chacun s’efforçant au mieux de tracer sa voie, surtout si elle s’annonce royale, et puis, on pourrait aussi parler d’un magasin de disques[1] à partir duquel bien des vocations ont dû naître. Ensuite, la musique dont il est ici question n’est pas de celles qui abreuvent, à intervalles réguliers, la tendance, donc les soirées courues, donc les médias branchés. Humble et pourtant physique, à l’image de son géniteur, elle préfère s’effacer devant le grand autel du rythme, ancestral, pluriel, populaire au sens noble. Jack de Marseille, donc. Quinze ans de mix. Pour fêter l’événement, le fondateur du label Wicked a choisi de revenir en ville, où il entend jouer à nouveau et, assure-t-il, pas seulement à cette occasion. A quarante ans, et sans évoquer un quelconque bilan qui induirait l’idée fictive de fin, de terme à une carrière qui ne demande qu’à s’étoffer, Jack a simplement eu envie de revenir à ses racines, à ces premiers mixes au long cours qui l’ont notamment vu, en 1992, enflammer la rave Atomix aux côtés de son ami Laurent Garnier… Garnier justement : celui qui, historiquement, reste le premier tout en ayant le même âge, celui qui partage la même vision d’une techno pointue mais accessible, celui qui n’a pas su, non plus et pour l’heure, transformer l’essai quand vint l’heure de passer à la production, celui seul que l’on peut citer ici tant il est difficile, depuis toujours, de savoir lequel des deux prend le pas sur l’autre. Faux problème, mais vraie certitude : le héros parisien étant désormais basé dans le coin, et depuis peu résident sur la seule radio locale qui compte, Jack de Marseille se devait de faire son retour – pas tant pour l’honneur que pour en faire à son nom, qui, bien sûr, est devenu un « label » bien plus excitant qu’il y a quinze ans… Ce week-end, c’est donc à un set de six heures que vous êtes conviés, un de ces mixes « avec un début et une fin », où seuls les plus grands arrivent à imprimer leur patte, quelle que soit la matière utilisée, où seuls les plus grands se réalisent pleinement, sur la durée, dans un échange constant avec le public. Dès lors, la notion de transition, au cœur même du travail de Jack, n’a jamais semblé aussi concrète : « Cet anniversaire, c’est comme une renaissance, un nouveau cycle. Je suis à nouveau bien dans mes pompes. » Honnêtement, on doute que vous le soyez autant après ce marathon.

PLX

Le 29 au Cabaret Aléatoire, 22h. Rens. 04 95 04 95 04
www.jackdemarseille.com

Notes

[1] Wax Records (1995-2003)