Festival Faveurs de Printemps 

Le bon vingt

 

« Le temps est assassin et emporte avec lui les rires des enfants », comme le chantait le poète maudit du Café des sports. Preuve en est du festival Faveurs de Printemps qui souffle ses vingt bougies et, de ce fait, consume un peu plus notre jeunesse passée. C’était Hyères, et c’est toujours cette commune varoise qui accueille l’événement prenant part dans des lieux atypiques, à la programmation musicale judicieuse et apaisée.

 

 

Tandis que certains ne passent pas — ou plus — du côté de Marseille, et plus généralement des Bouches-du-Rhône, le Var a eu l’occasion au cours de la décennie passée d’accueillir des artistes qui dans notre âme brûlent encore. De Toulon à Six-Fours, en passant par Bandol, Sanary ou La Seyne, une kyrielle de musiciens (indépendants ou pas, de premier ordre comme de fols espoirs) s’est déplacée dans le département pour le plus grand plaisir de leur public. Sûrement que le ciel cristallin de la French Riviera se prête idéalement aux chants des sirènes.

Hyères, en sus de posséder un nom propice à tous les jeux de mots qu’on applaudit à deux mains, est depuis une paire de décennies le cadre d’un des rendez-vous les plus rafraîchissants de la région. Tout d’abord par ses enceintes de concerts idéales : l’Église anglicane, qui n’accueille que le saint esprit de la musique, est une bâtisse d’une beauté divine. Le Théâtre Denis, encore un bâtiment de caractère du XIXe siècle, est si cosy que sitôt assis on s’y assoupit sans souci.

Pour célébrer vingt ans de rencontres entre les centaines de concertistes et les spectateurs, la médiathèque municipale proposera lors de cette édition une exposition retraçant tous ces moments de grâce suspendue. Une lecture musicale ainsi qu’une diffusion du film Love & Mercy, narrant l’histoire des Beach Boys, sont au programme. Le vernissage sera l’occasion d’apprécier Fabian Aubry, musicien du cru déjà convié en 2023, dont les accords de guitare subtils et la voix d’une grande flexibilité subliment ses textes introspectifs.

Petit tour d’horizon des invités suivants, par ordre d’apparition scénique.

Autre sudiste programmé, Martin Mey, qui ne cesse de multiplier les projets. Après Landscapes à l’affiche du festival Avec le Temps en mars, le voici à nouveau en quatuor, comme en 2020, avec ses amis du Minimum Ensemble afin de présenter leurs Paysages Composés. Leur symbiose mélodique et vocale devrait envahir magistralement les volumes de l’Anglicane.

Joe Bel, musicienne et actrice aux multiples facettes, devrait dévoiler son imminent second album, Family Tree, dont les premiers extraits en anglais comme en français témoignent de son sens de la mélodie et profitent d’arrangements très soignés. Le même soir, Augusta se produira accompagnée de sa guitare et de sa puissante et enivrante voix, afin d’assurément chambouler son auditoire.

Képa aura à cœur de nous faire voyager dans son imaginaire et nos pensées. Escorté de sa guitare, de ses amplis et pédales à effets, l’ancien skater pro roule sa bosse en musique depuis une dizaine d’années, jouant notamment un blues qui évoque l’Amérique. Il racontera, avec ou sans paroles, ses histoires comme il sait si bien le faire, en attestent ses instrumentaux tels que son titre Cavale récemment sorti.

Le SuperHomard s’était montré appétissant avec ses deux premiers LP, avant de se lancer dès 2021 dans une collaboration fort inspirée avec l’Australien Maxwell Farrington. Son timbre de crooner apporte à la musique des crustacés supérieurs une touche de solennité qui la sublime. Une certaine idée de la perfection pop, en tout cas pour un fan de Neil Hannon comme votre serviteur. Matt Holubowski partagera la soirée avec eux et tombe à point nommé dans un événement nommé Faveurs de Printemps car Like Flowers on a Molten Lawn, son dernier effort en date, est dédié à cette saison. À l’aise dans de multiples registres, le rock indé, le folk, l’electronica ou le blues n’effraient pas le multi-instrumentiste du Québec aux mélopées charmeuses.

Forte de son beau disque Giant Palm (2022), la Britannique Naima Bock devrait bercer nos oreilles de son organe de miel. Ses compositions folk, portées par des cuivres, cordes, chœurs, sifflements et autres subtils agréments, ne peuvent que faire mouche.

Si Lescop est une tête d’affiche, c’est pour défendre son tout frais Rêve parti, nouvelle collection de treize morceaux de pop synthétique, qui marque son grand retour sur le devant de la scène musicale et affirme son style. Les quatre garçons dans le mistral d’El Botcho seront également attendus car il s’agit d’une formation toulonnaise, portée par le leader du fort fréquentable label Toolong Records. Espérons qu’ils se déplaceront avec des vinyles de leur très bon album Le Salto sous le bras. Du rock indé en français, musicalement au point, porté par une énergie qu’on a hâte de voir à l’épreuve du live.

Cette programmation et ces lieux de qualité ne peuvent que nous rendre impatients de goûter au festival cette année encore. Et pour les non Varois alléchés mais qui ne peuvent s’y déplacer, n’ayez crainte, la rédac chef de Ventilo se chargera (probablement) de vous y conduire par ses propres moyens.

 

Sébastien Valencia

 

Festival Faveurs de Printemps : du 11 au 13/04 à Hyères (83).

Rens. : www.faveursdeprintemps.com

Le programme complet du festival Faveurs de Printemps ici