El Botcho

Portrait : El Botcho

Sous le soleil exactement

 

Né sous le soleil de cette « petite Californie » qu’est le Sud-Est, El Botcho rayonne avec sa pop lumineuse.

 

El Botcho, c’est d’abord l’histoire d’un homme-orchestre, Alex, qui, à l’ombre de son home studio toulonnais, va enregistrer des centaines de morceaux pendant toute la première décennie du 21e siècle. En référence à son côté bricoleur lo-fi qui n’est pas sans rappeler Beck, ce grand amateur de pélicans a alors pour pseudo Botch (de l’anglais « botch up » : rafistoler).
En quelques années, l’aventure solitaire se mue en projet collectif et Botch devient El Botcho. Un néologisme à consonance hispanique, donc. Car si notre homme apprécie les oiseaux aux grands becs, il nourrit également une étonnante passion pour le Mexique, pays fantasmé dont la culture l’attire, d’autant que s’y développe une certaine ferveur pour la musique pop. Sans compter les multiples ponts avec sa voisine la Californie, l’Etat qui a vu naître Beck (encore lui) et les Beach Boys.
Comme le groupe des frères Wilson, les quatre trentenaires d’El Botcho ont fait des harmonies vocales leur grande spécialité. En témoigne l’introduction chorale a capella de leur deuxième album, Jetzt une Nie, paru sur leur propre label, Toolong Records. Comme si leurs emplois à temps plein, leurs enfants respectifs et le groupe ne suffisaient pas à combler les heures perdues, Alex (guitare), Pandora (guitare), Sébastien (basse) et Boris (batterie) ont en effet monté un label en 2012, qui leur permet de produire leurs albums bien sûr, mais aussi ceux de leurs voisins et amis, comme Twin Apple ou Boreal Woods. Dans une ville dont la scène pop ressemble au désert de Mojave, le fonctionnement collectif sonne comme une évidence. Tout comme les accointances avec le MIDI Festival, coproducteur de ce nouvel album et avec qui Alex confie entretenir des relations « très bon enfant ».
Après un premier album plutôt folk en 2012, In the Wrong Place at the Right Time (Au mauvais endroit au bon moment), sélectionné par le Lab des Inrocks, voici donc venu le temps de Jetzt und Nie (Maintenant et jamais). Un titre en allemand, pour le côté « exotique », et encore un adage connu détourné de manière paradoxale : « Le titre du premier album faisait référence à notre rapport avec la ville de Toulon, qui n’est pas le meilleur endroit pour faire un groupe de rock. Mais cela signifiait qu’il fallait faire quelque chose quand même, plutôt que de se morfondre. Là, on a encore bidouillé une phrase connue, “It’s now or never” d’Elvis. “Maintenant et jamais”, ça évoque plein de choses, à la fois notre propre situation, mais aussi celle du monde, notamment avec les crises environnementales… On devrait faire bouger les choses maintenant, et au final, on s’aperçoit que jamais rien ne se passe… » Pessimiste, El Botcho ? Une façon de pousser le paradoxe jusqu’à son paroxysme, en (dé)chantant le triste état du monde actuel sur une musique primesautière ? « Non, il s’agit plutôt de se dire que si les choses ne changeront jamais, c’est maintenant qu’il faut construireEt puis mon écriture est un peu surréaliste, les paroles ne racontent pas forcément des histoires… Je ne mets pas trop de barrières narratives. »
Pas de barrière musicale non plus pour Alex et sa bande, dont la pop ensoleillée ressuscite un genre quelque peu désuet (le doo wap avec ses refrains sucrés) sans être ringarde, mariant les références — l’indie rock américain de Pavement ou The Shins et la brit pop de Blur ou Supergrass — sans tomber dans la caricature ou la pâle copie. Enthousiaste et enthousiasmant, leur Jetzt und Nie se présente en tout cas comme l’antidote idéal aux premiers frimas hivernaux.

CC

 

El Botcho : le 14/11 avec Crumble Factory au Crep des Lices (484 avenue des Lices, Toulon).
Rens : 04 94 24 72 83 / www.tandem83.com

Dans les bacs : Jetzt und Nie (Toolong Records)

Pour en savoir plus : www.elbotcho.com / www.toolongrecords.com / www.facebook.com/idigelbotcho